Des patins « chauffés » à blanc ?

Considérée comme la meilleure lugeuse de son époque, Ortrun Enderlein (1943) est devenue la toute première championne olympique de luge individuelle lors des Jeux d’Innsbrück 1964. Cette année là, l’Allemagne se présente avec une équipe unifiée car les ouest-allemands ne reconnaissent toujours pas l’indépendance de l’Allemagne de l’Est.

C’est ainsi qu’Ortrun Enderlein apparaît comme un symbole politique pour la RDA dans son souci de disposer d’une équipe indépendante lors des prochains Jeux d’hiver qui se dérouleront à Grenoble 1968.

 

C’est finalement dans cette configuration que se présente l’équipe de RDA quatre ans plus tard, ce que les dirigeants de la RFA n’admettent toujours pas.

 

Enderlein est de nouveau l’une des favorites pour la médaille d’or. De fait, elle est en tête avant la dernière manche. Toutefois un superviseur considère alors que la championne est-allemande et ses compatriotes qui occupent la deuxième et troisième place ont «chauffé» les patins de leurs traineaux pour qu’ils glissent mieux.

 

Pour tout le monde, l’accusation semble impensable. Les filles jouissent d’une excellente réputation et elles-même sont d’une moralité irréprochable. Malgré cela, plusieurs équipes, influencées par les médias, se sont liguées contre les Est-allemandes.

 

C’est ainsi que les trois lugeuses ont été disqualifiées et que la quatrième, l’Italienne Erika Lechner (1947) a hérité de la médaille d’or… devant deux ouest-allemandes.

… et si les Est-allemandes n’avaient pas triché

Immédiatement, les lugeuses éliminées de la RDA ont signé un document dans lequel elles ont plaidé leur innocence. Elles l’ont fait constaté par un notaire. En dépit de milliers de lettres de protestation et une vague de solidarité, rien n’y a fait et les trois filles ont perdu leur médaille.

Elles avaient pourtant le soutien du président du CIO de l’époque, Avery Brundage. Toutefois ce dernier n’a pas voulu discréditer la Fédération Internationale de Luge, responsable des épreuves. Bien que connu pour son anticommunisme, il a tout de même déclaré « L’idée olympique est entre de bonnes mains chez les athlètes et les dirigeants sportifs de la République démocratique allemande ».

 

Finalement, selon des documents de la Stasi qui ont été révélés en 2006, le superviseur qui avait révélé la «chauffe» des traineaux aurait été corrompu par la RFA et par l’Autriche pour faire cette allégation. Du coup, la question de savoir si les lugeuses de la RDA avaient «chauffé» leurs patins, reste en suspens.

Néanmoins depuis, de grands journaux allemands contemporains soutiennent désormais que l’équipe de la RDA n’avait pas triché à Grenoble.

 

Après sa carrière sportive, Ortrun Enderlein a travaillé comme ingénieur des ventes puis à la fédération de luge et de bobsleigh et enfin comme membre du Comité National Olympique (CNO) de la RDA jusqu’à la chute du Mur.

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