J-100 : Les promesses de Jeux populaires non tenues
A 100 jours des Jeux de Paris 2024, il est temps de faire un bilan de l’organisation qui malgré les difficultés s’efforce de garder le cap. Si le projet est mené à terme et si, n’en doutons pas, les Jeux de Paris 2024 devraient laisser un souvenir inoubliable, il est utile de rappeler que les nombreuses promesses de « Jeux populaires » n’ont pas résisté aux réalités.
Depuis que Paris a lancé sa candidature en 2015 pour accueillir les Jeux olympiques, le projet a été maintes fois modifié de la part des organisateurs d’abord, des autorités gouvernementales également, des acteurs locaux enfin, au point que les Jeux populaires voulus au départ ne le seront plus du tout. Au cours des sept années écoulées, plusieurs promesses clés faites par le comité d’organisation n’ont pas été tenues.
Tout était sur les rails il y a encore une vingtaine de mois, jusqu’à la vente des billets, chaotique. Les prix sont trop élevés et le système de tirage se révèle injuste et flou. Les premiers tirés au sort disposent de 30 billets au meilleur prix, tandis que dès le lendemain, il ne reste que des places restreintes à des tarifs exorbitants. Les critiques sont sévères et l’organisation perd une grande partie de sa crédibilité dans l’opération. C’est dès cette époque que l’opinion commence à se détourner de la fierté de recevoir les Jeux, un événement pourtant séculaire.
Par la suite, l’organisation revient au système plus simple du premier arrivé, premier servi, mais le mal est fait. Aujourd’hui l’organisation peine encore à vendre les billets pour les Jeux paralympiques.
Autre promesse que l’organisation n’a pas tenue, la piscine olympique. Le centre nautique de Saint-Denis accueillera bien comme prévu le water-polo, la natation artistique et le plongeon. La piscine dans laquelle devait se dérouler la natation n’a pas vu le jour. Elle a été sacrifiée sur l’autel des économies à réaliser. Les épreuves se dérouleront dans un bassin provisoire construit dans l’enceinte de la Défense Arena.
L’état vient mettre son grain de sable
« Les Français seront fiers de la cérémonie d’ouverture » disait Emmanuel Macron. Il faut dire que la promesse là encore était séduisante. Pour la première fois, elle se déroulerait hors du stade, sur la Seine, et on allait voir ce qu’on allait voir !
Promesse folle, la Cérémonie pourrait accueillir 600 000 spectateurs au lieu des 80 000 habituels. Entre-temps, le ministère de l’intérieur, peu favorable au projet à l’origine, a fait ses arbitrages. Pour des raisons de sécurité, la fréquentation a été plafonnée à 222 000 personnes auxquelles s’ajouteront 100 000 spectateurs payants. Et ce n’est pas tout, la philosophie du projet a complément changé. Initialement, les spectateurs devaient s’inscrire afin d’être tirés au sort, au final, les participants seront invités par les administrations publiques partenaires des Jeux et le comité d’organisation.
… Et voilà qu’on parle désormais de déplacer cette Cérémonie sur la place du Trocadéro, voire au stade de France en cas de risques d’attentats ! Le rêve vire au cauchemar.
Quant au slogan du gouvernement français, « Les Jeux financent les Jeux », il ne se réalisera pas. Selon Pierre Moscovici, le président de la Cour des comptes, l’investissement public final pourrait s’élever entre 3 et 5 milliards d’euros alors que l’état français a déjà alloué 2,4 milliards pour la réalisation des infrastructures et des projets urbains. La véritable ampleur des dépenses publiques sera connue d’ici la fin de l’année.
Les transports, le point noir
Enfin que dire des transports publics qui donnent la chair de poule aux responsables du secteur et inquiètent fortement les Franciliens à qui il est conseillé de « marcher à pied » pendant la durée des Jeux, voire de télétravailler pour ceux qui le peuvent.
Toujours à propos des transports,une autre promesse non tenue. Elle figurait pourtant en lettres capitales dans le dossier de candidature : « Tous les détenteurs de billets auront accès à la gratuité sur l’ensemble du réseau de transports en commun francilien le jour des épreuves ». Non seulement ce ne sera pas mis en œuvre et au contraire le prix sera doublé en passant à 4 euros.
Enfin, dernier couac, il concerne celui de la climatisation au village olympique. La maire de Paris, Anne Hidalgo s’y est opposée afin de respecter les normes environnementales. Mais face à l’opposition de plusieurs délégations, dont celle des États-Unis (le plus gros contingent), il sera possible de disposer de climatisation portable. Si comme certains experts le pensent, Paris risque de connaître une vague de chaleur cet été, la consommation des clims portables sera bien plus impactant pour l’environnement qu’une climatisation classique.