Coup de sang en Seine Saint Denis

Lors de sa conférence de presse donnée en milieu de semaine, le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, a lâché une petite phrase qui sans en avoir l’air, pourrait être lourde de conséquence. Selon lui, « le public verra des Jeux adaptés au «monde post-corona» à Paris 2024 ». En d’autres termes, Bach a déclaré que les connaissances acquises lors de l’adaptation de Tokyo 2020 à la situation de crise sanitaire étaient transmises à Paris 2024 pour aider le comité d’organisation parisien à modifier, voire adapter ses plans.

De fait, le gouvernement avec son nouveau délégué interministériel aux Jeux olympiques et paralympiques, Michel Cadot (qui a succédé à Jean Castex appelé à Matignon), la maire de Paris Anne Hidalgo et le président de Paris 2024 Tony Estanguet se sont également engagés à soutenir l’adaptation des Jeux.
Paris 2024 a déclaré que la révision du concept était nécessaire pour garantir que les Jeux puissent être organisés dans les limites du budget, en particulier en raison de l’incertitude économique due à la pandémie de coronavirus. Du coup, Paris 2024 tente de réduire de 300 millions à 400 millions d’euros le coût des Jeux, soit 10% du budget.

La maquette du futur Centre aquatique olympique de Saint Denis. Crédit photo : Cabinet d’architecture VenhoevenCS

Première cible visée, la carte des sites olympiques qui est en cours d’évaluation. Ainsi la semaine dernière, le journal l’Équipe affirmait que le volley-ball prévu au Bourget pourrait être déplacé au Stade Pierre Mauroy de Lille. Ce même Stade Pierre Mauroy de Lille prévu pour le football et qui devrait être de fait sorti de la liste des 9 stades prévus pour le tournoi olympique de football.
Selon un porte-parole de l’organisation « Nous allons nous appuyer principalement sur les sites déjà identifiés lors de la phase de candidature car nous connaissons leur qualité technique pour accueillir la plus grande compétition internationale, les Jeux Olympiques et Paralympiques et au final nous garderons un pied fort en Seine-Saint- Denis ».
Les organisateurs affirment que le cœur des Jeux restera dans le département de Seine-Saint-Denis, où le village olympique des athlètes et le centre aquatique olympique sont en construction et où se situe déjà le stade de France qui doit accueillir les cérémonies d’ouverture et de clôture, ainsi que le sport-roi, l’athlétisme. Malgré ces propos rassurants, les élus de Seine-Saint Denis ne l’entendent pas de la même oreille.

Coup de sang des séquano-dyonisiens

C’est ainsi que cette semaine des élus du département francilien au Nord de Paris ont tenu une conférence de presse devant le stade de France pour affirmer à destination du comité d’organisation des Jeux : « laissez à la Seine-Saint-Denis ce qui revient à la Seine-Saint-Denis ».

En tête du comité de vigilance, le président du département, Stéphane Troussel qui s’inquiète des rumeurs qui indique que le site du Bourget perdrait le volley-ball, que la cérémonie d’ouverture ne se déroulerait plus au stade de France afin de « casser les codes », voire que la natation serait déplacée dans les Hauts-de-Seine.

On rappelle pour mémoire que lors des Jeux olympiques de la Jeunesse à Buenos Aires en 2018, la cérémonie d’ouverture s’était déroulée autour de l’Obélisque au cœur de la ville et que l’événement n’était pas passé inaperçu. Mieux même, il avait été largement plébiscité.

Autre grosse inquiétude pour les élus séquano-dyonisiens, le déplacement potentiel de la natation et du water-polo dans les Hauts-de-Seine à la Défense Arena, tandis que le chantier de la piscine olympique de Saint-Denis se poursuit. Du coup, la piscine olympique pourrait ne devenir qu’un simple centre aquatique qui accueillerait seulement les phases de groupe du water-polo, le plongeon et la natation synchronisée.
On comprend le coup de sang des élus de Seine Saint-Denis au moment où se profite un important conseil d’administration de Paris 2024 à la fin du mois qui va devoir trancher dans le vif du sujet.

Pour l’heure, toutes ses inquiétudes ne sont que des rumeurs. Mais comme le dit l’adage populaire, il n’y a pas de fumée sans feu.

Stéphane Troussel comprend la nécessité de faire des économies, mais pas au détriment de la Seine-Saint-Denis qui a besoin des Jeux pour redonner du souffle à ce territoire dont l’image s’améliore mais qui qui reste encore dégradée lorsqu’il s’agissait du « 93 ».

Verified by MonsterInsights