DOPAGE D’ÉTAT – Maux du sport

La RDA a terminé deuxième du classement des nations aux Jeux Olympiques de Montréal 1976, derrière l’Union soviétique. Une place conservée à Moscou 1980 et à Séoul 1988, sachant qu’en 1984 les deux nations avaient boycotté les Jeux de Los Angeles. Si l’ancienne Allemagne de l’Est était aussi performante pour un petit pays de 17 millions d’habitants, c’est en raison de la mise en place à partir du début des soixante-dix d’un dopage d’état généralisé, qui concernait non seulement les adultes, mais également les adolescents.

 

Ines Geipel a la première dénoncé avec force le dopage d’état dans l’ex-RDA

Au total, 12.000 athlètes auraient ainsi été dopés presque à leur insu. Ines Geipel (1960), une ancienne athlète est-allemande, professeure et écrivaine qui a présidé jusqu’en 2018, une association pour faire reconnaître le dopage généralisé en Allemagne de l’Est dans les 1970 et 1980, a longtemps mené un combat pour faire reconnaître cette faute. Mais son action ne s’arrête pas là.

Elle estime que c’est devenue une véritable catastrophe sanitaire pour laquelle il était nécessaire de mettre en place une politique coordonnée gouvernementale afin de venir en aide à tous ces anciens sportifs victimes des dirigeants du pays à l’époque.« Avec la prise de stéroïdes, d’hormones masculines, les organes, le cœur, les reins, le foie sont empoisonnés, détruits. » écrit-elle.

Le combat d’une vie

Première sportive de l’ex-RDA à avoir demandé en 2005 de supprimer son nom des records officiels nationaux (remplacé par un astérisque), Ines Geipel s’est battue pendant plusieurs années pour faire reconnaître le statut de victimes des athlètes de l’Allemagne de l’Est.

Elle a suivi personnellement 700 anciens athlètes usés physiquement avant l’âge et déstabilisé psychologiquement sur les milliers qui auraient été victimes de cette politique. Pour Ines Geipel, il s’agit bien d’un scandale sanitaire de première importance puisque aujourd’hui, les dégâts touchent aussi les enfants des sportifs dopés.

Un sombre tableau

Pour les sportives de l’époque, le tableau est particulièrement sombre. Certaines souffrent d’insuffisances ovariennes, ont des enfants handicapés.

 

Le cas le plus emblématique étant celui d’Andreas Krieger qui s’appelait autrefois Heidi. Cette lanceuse de poids sacrée championne d’Europe en 1986 est devenue un homme à force d’absorber sans le savoir des hormones mâles. Elle a subi en 1997 une opération pour changer de sexe.

Ines Geipel espérait la mise en place d’un fonds d’urgence et la création de cliniques spécialisées, mais les autorités allemandes, la présidence et la chancellerie de l’époque (Angela Merkel a  grandi du même côté du Mur) ont fait la sourde oreille.

La RDA n’est pas un cas à part

Ajoutons que si la découverte des archives de la Stasi, la police d’état de l’ancienne Allemagne de l’est ont permis de mettre à jour ces pratiques. D’autres état de l’ancien bloc de l’Est avaient sans doute mis en œuvre des politiques comparables.

 

Plus récemment, à l’issue des Jeux d’hiver de Sotchi 2014, (photo) un rapport indépendant commandé par l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) a confirmé les allégations selon lesquelles l’équipe olympique russe aurait été impliquée dans un programme de dopage parrainé par l’État, effectif entre fin 2011 et août 2015. Le programme était mis en œuvre pendant la période hivernale. Le CIO a été contraint de retirer treize médailles à des athlètes russes en 2017. Toutefois neuf d’entre eux ont été réintégrées par le Tribunal d’arbitrage du sport (TAS).

 

C’est ainsi que le CIO a voté en faveur de la suspension du Comité olympique russe. Seuls les athlètes inscrits sur liste blanche, c’est à dire ayant accepté les contrôles auront la possibilité de participer de manière indépendante aux compétitions pendant les Jeux olympiques d’hiver de 2018 et Pékin 2022, ainsi qu’aux Jeux de Tokyo 2020.

Tous les autres en ont été exclus.

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