France Olympique : L’arbre qui cache la forêt
Tous les médias français le disent à longueur de colonnes, avec 10 médailles d’or, le sport français a fait à Tokyo 2020 aussi bien qu’à Rio 2016. Mais ces dix médailles d’or sont l’arbre qui cache la forêt. Le sport français n’a pas été aussi loin qu’on pouvait l’espérait. Il va falloir redresser le tir à moins de 3 ans des Jeux de Paris 2024 et atteindre l’objectif affiché de figurer parmi les cinq meilleures nations mondiales.
Avant les Jeux de Tokyo, la France avait fixé le plafond des médailles au delà des 40. Avec 33 médailles, elle n’a pas réussi son pari. Sans les formidables sports collectifs que sont le handball, le volley-ball qui ont gonflé le total d’or en fin de Jeux, les tricolores seraient sans doute rentrés de Tokyo la tête basse.
Car avant la ruée vers l’or des sports collectifs français, le bilan n’était pas glorieux. Le pays venait de gagner seulement sept médailles d’or dont cinq individuelles : Romain Cannone en escrime, Clarisse Agbegnenou (photo) en judo, Jean Quinquampoix en tir sportif, , Steven Da Silva en karaté et le couple français (ils n’en font qu’un) en aviron Hugo Boucheron et Matthieu Androdias.
Toutes les autres médailles d’or ont été remportées en équipe : en handball masculin et féminin, en volley-ball masculin, en escrime au fleuret par équipe et en judo lors du tournoi par équipe.
Judo, escrime en fers de lance
Une fois encore, l’escrime et le judo ont rempli leur contrat. Ces deux sports qui n’existent vraiment qu’au moment des Jeux apportent à la nation, tout l’or du monde. Les judokas semblent ces dernières années en tirer bénéfice grâce à leurs leaders charismatiques, Teddy Riner et Clarisse Agbegnenou qui font profiter de leur expérience, la jeune génération comme Amandine Buchard, Sarah Léonie Cysique et Madeleine Malonga. Elles rentrent avec deux médailles chacune. En revanche, les escrimeurs restent dans l’ombre.
Pourtant, c’est le sport qui depuis l’origine des Jeux fait l’honneur de la France avec près de 120 médailles au compteur dont 42 en or. En plus du fleuret garçon, les filles du fleuret et du sabre sont également médaillées d’argent. 4 médailles pour 6 disciplines individuelles et collectives.
Enfin que dire de Jean Quinquampoix, champion olympique du tir au pistolet rapide qui va retrouver l’anonymat de sa discipline, une fois les lampions éteints. Quant à Steven Da Costa, il ne pourra même pas défendre son titre dans trois ans à Paris, son sport, le karaté ne sera plus olympique.
Des sports collectifs exemplaires
On tentera de vite oublier les mésaventures de l’équipe de France de football, privée de ses meilleurs joueurs par la faute des clubs qui n’ont pas voulu libérer leurs pépites. La question de la place du football aux Jeux olympiques mérite d’être posée. Ce sport n’a pas besoin de cette compétition pour exister, il rempli tout l’espace le reste du temps. Le futsal comme aux Jeux olympiques de la Jeunesse y serait bien plus à sa place.
En revanche, le handball français est lui exceptionnel et il n’a pas droit à autant de considération. Pourtant, les handballeurs français de Guillaume Gille n’ont jamais tremblé pendant ce tournoi pour l’emporter. Les Bleus n’ont jamais douté, pas même face au Danemark qui avait privé les Tricolores de quatre titres olympiques consécutifs, en s’imposant à Rio 2016.
Quant à l’équipe de France féminine (photo) d’Olivier Krumboltz, elle a été tout simplement exceptionnelle. Cette équipe dégage une force collective impressionnante qui s’est manifestée de la première à la dernière minute du tournoi olympique. Elle devrait de nouveau faire parler d’elle dans trois ans.
Et puis, il y a les « extraterrestres » de l’équipe de France de volley, partis de rien avec leur sélectionneur emblématique Laurent Tillie et qui deviennent champions olympiques au prix de matches exceptionnels, notamment face à la Pologne, championne du monde et la Russie en finale olympique.
Ils ratent la première marche d’un rien
Si le basket n’est pas sur la plus haute marche, il n’en est pas loin. Finalistes chez les garçons, les joueurs de Vincent Collet ont pu regarder les invincibles américains les yeux dans les yeux. Leur courte défaite en finale de 5 points ne doit pas faire oublier leur victoire face à cette même équipe lors du match d’ouverture.
Les filles n’ont eu qu’une absence en demi-finale face au Japon, pour le reste, elles réalisent un beau tournoi et gagnent une médaille de bronze méritée.
Enfin, ne passons pas sous silence les remarquables rencontres des rugbywomen françaises dans le tournoi à sept. Elles subissent certes la loi des All Blacks en finale, mais auparavant elles avaient balayé le Canada, le Brésil et la Chine et surtout les autres grandes nations de rugby à 7 que sont les Fidji et la Grande-Bretagne.
Natation, athlétisme, la nécessaire reconstruction
Dans les sports individuels, si la France pouvait espérer une médaille en lutte et en boxe, leurs représentants ont raté leur tournoi olympique. Ils ont trois ans pour y réfléchir. Dans les sports de combat, il faut malgré tout féliciter Althéa Laurin pour sa médaille de bronze en taekwondo.
En voile, Charline Picon a failli remporter de nouveau l’or comme à Rio, elle termine deuxième de la planche à voile et s’impose sur la dernière régate. Son homologue Thomas Goyard qui en fait autant chez les garçons. La médaille de bronze de Camille Lecointre et Aloïse Retornaz en 470 mérite aussi une mention.
En revanche, dans les grands sports olympiques que sont l’athlétisme et la natation, le compte n’y est pas.
L’athlétisme français est à bout de souffle. Les leaders Renaud Lavillenie, Melina Robert-Michon et Yohann Diniz sont arrivés au bout de leur parcours. Seul, Kevin Mayer a assuré un podium, mais cela relève de l’exploit tant il était diminué physiquement. Cette discipline va devoir accomplir un virage à 180° si elle veut relever la tête dans trois ans.
En natation, Florent Manaudou a été remarquable. Il termine deuxième d’un 50 m nage libre pour ses 3ème Jeux derrière le nouveau monument de la natation mondiale, Caeleb Dressel (photo).
Pour le reste, pas de médailles mais des promesses de podium pour Paris 2024 : Léon Marchand en 4 nages, Maxime Grousset sur 100 m nage libre, Yohann Ndoye-Brouard au 100 m dos ou encore Marie Wattel sur 100m papillon ne sont pas loin de « la boite » comme disent les sportifs.
Vivement Paris 2024 pour voir si le programme « Ambition Bleue » piloté par Claude Onesta portera ses fruits. Ce dernier le reconnaissait à l’issue des Jeux de Tokyo en spectateur attentif « A Tokyo, 25 athlètes français sont passés tout près du podium, on va leur permettre de franchir le petit seuil supplémentaire qui pourrait permettre de comptabiliser les médailles ».
Pingback:J+8 : Israël aux Jeux sous forte pression | DICOLYMPIQUE 3 août 2024