Jeux de l’Amitié : Poutine jette l’éponge
Vladimir Poutine a finalement décidé de jeter aux oubliettes, les Jeux de l’Amitié, sensés concurrencer les Jeux olympiques… du moins pour le moment.
La raison invoquée est simple : permettre aux athlètes russes de revenir sur la scène internationale. C’est du moins ce qu’évoque le communiqué : « Afin de protéger le droit des athlètes et des organisations sportives à accéder librement aux activités sportives internationales, je décrète par la présente le report de la tenue de la compétition internationale des Jeux mondiaux de l’amitié jusqu’à de nouvelles instructions du président de la Fédération de Russie».
Poutine avait ordonné la création (recréation) de l’événement en octobre 2023. Il espérait la présence de 5 500 athlètes et avait doté l’événement de 4,6 milliards de roubles (environ 43 millions de dollars). Une mascotte (photo), un tigre nommé Dobryak avait été choisi.
Cette édition devait commencer juste après la fin des Jeux paralympiques de Paris 2024, du 15 au 29 septembre 2024 à Moscou et Ekaterinbourg.
D’emblée, le Comité international olympique a vivement critiqué ce projet. Il considèrait qu’il était contraire aux principes fondamentaux de la Charte olympique et aux résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies. En effet, le gouvernement russe a sollicité les ambassades bien plus que les organisations sportives représentatives pour mettre au point cette compétition.
Thomas Bach avait alors parlé de « politisation du sport par la Russie ».
Enterrer la hache
L’offensive russe sur les événements sportifs avait commencé en février dernier avec les Phygital Games à Kazan (Jeux du futur). Elle s’est poursuivie avec les Jeux du BRICS dans cette même ville en juin. Tout le monde s’accorde à dire que cette compétition a été un échec médiatique.
Du coup, les Jeux de l’Amitié ont pris du plomb dans l’aile. Début juillet, les autorités russes ont annoncé qu’ils étaient repoussés à une date ultérieure. Aujourd’hui, au moment où la Russie tente de réintégrer le giron olympique, Poutine annonce l’abandon des Jeux de l’Amitié. Une décision qui confirme le changement de stratégie de la Russie vis-à-vis du CIO.
Il apparaît de plus en plus clair que la Russie espère beaucoup du changement de présidence au sein de l’organisation mondiale du sport. L’annonce officielle du retrait de Thomas Bach en 2025 et les élections en mars prochain font que les Jeux mondiaux de l’amitié ne sont plus nécessaires.
La Russie est désormais en pleine offensive de charme. Poutine fait désormais profil bas et demande à son ministre des Sports, Mikhail Degtyarev (photo) de retisser des liens avec le CIO.
Mais soyons certain que rien n’échappe au président russe. Depuis toujours, Poutine considère le sport comme un enjeu central dans son approche politique. Il a besoin que ses sportifs aillent se mesurer à l’international et y glanent des trophées.
Une élection qui peut tout changer
Il lui reste juste à espérer très fortement que son favori emporte l’élection. Les responsables politiques et les officiels russes ont exprimé une certaine confiance envers les candidatures de David Lappartient, président de l’Union cycliste internationale, Morinari Watanabe, président de la Fédération internationale de gymnastique, et surtout de Juan Antonio Samaranch. Ce dernier serait le favori du Kremlin. Samaranch a déjà exprimé sa volonté de voir les russes réintégrer le mouvement sportif international. Ajoutons que son père a été ambassadeur en Union soviétique juste avant les Jeux de Moscou 1980. C’est ce chapitre qui l’a aidé à l’époque gagner la présidence du CIO.
Il n’y a qu’un seul nom que la Russie biffe volontiers, c’est celui de Sebastian Coe. Ce dernier s’oppose fermement au retour des Russes sur la scène internationale, autant pour les questions liées au dopage avant 2022 que pour l’annexion de l’Ukraine après 2022.