Watanabe : « prêter l’oreille, gagner leur cœur »

Deux Asiatiques briguent la présidence du CIO : le Japonais Morinari Watanabe et le prince jordanien Feisal Al Hussain. Le premier est l’actuel président de la Fédération internationale de gymnastique (FIG). Il occupe cette fonction depuis 8 ans après avoir obtenu, en 2016, 84% des voix. Sa deuxième élection en 2021 a été moins aisée. Il n’a obtenu que 63% des voix des délégués. Les pressions exercées par les ambassades du Japon à l’étranger, qui ont directement contacté les fédérations nationales de gymnastique pour les inciter à voter pour lui n’ont pas été du goût de tous les délégués.

La méthode peut paraître embarrassante, mais elle ne le perturbe pas du tout. Watanabe considère qu’il est normal que le Japon soutienne un de ses ressortissants lorsqu’il est candidat d’une instance internationale. Pour l’élection à la tête du CIO, la pratique semble impossible, même si on devine qu’en coulisse les luttes d’influence sont légion.

La gymnastique décide de son destin

Au départ, rien ne le prédestinait à briguer ce poste. À l’origine, Watanabe voulait devenir médecin. Sa pratique de la gymnastique l’a conduit à s’orienter vers le sport à l’université Tokai de Tokyo. Il y a obtenu une maîtrise qu’il a renforcée par un passage à l’université de Sofia en Bulgarie.

C’est ce parcours qui l’a amené à la tête de la division sport du géant japonais de la distribution, le groupe AEON. Il y a créé une compétition sponsorisée par le groupe. C’est maintenant le troisième événement mondial de gymnastique et c’est ce qui lui a permis de se faire un nom au sein de la fédération internationale et de briguer sa présidence.

 

En devenant président de la FIG, Watanabe s’est d’abord attaqué au nerf de la guerre en cherchant de nouveaux partenaires financiers. Il n’a pas eu à aller bien loin, trois sociétés japonaises l’ont suivi dans son projet, dont le groupe Fujitsu, un des principaux fournisseurs informatiques et robotiques au monde.

 

Depuis, Watanabe s’est efforcé de ne pas perdre de temps. Il a beaucoup voyagé pour assoir son autorité, écouter et ensuite insuffler de l’air frais. Il se glorifie d’avoir visité 160 pays en 8 ans de mandat.

Moderniser la gym

Pour lui, l’argent n’a pas d’autre but qu’augmenter la visibilité de son sport et sa popularité. Cette popularité passe naturellement par le renouvellement des disciplines gymniques. Après avoir échoué à introduire le parkour lors des prochains Jeux, Watanabe ne désarme pas. Il pense que l’introduction des sports urbains au milieu des disciplines traditionnelles contribuera à l’intérêt des prochains Jeux olympiques.

 

S’agissant de la notation en gymnastique, un des aspects les plus controversés de la discipline, Watanabe milite pour l’introduction des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle (IA) pour aider au jugement. C’est ainsi que son partenaire Fujitsu a mémorisé 8000 routines gymniques afin de les soumettre au crible du système de pointage. Cette méthode a été testée lors d’un championnat afin d’en mesurer son efficacité.

Prêter l’oreille, gagner leur cœur

Toutefois, pour accéder à la présidence du CIO, Watanabe ne devra pas seulement se contenter d’être un bon administrateur de la gymnastique. Il devra avoir une vision pour l’ensemble du mouvement sportif international.

 

Sur ce point, le Japonais entend d’abord s’attaquer au système démocratique de l’organisation. C’est du moins ainsi qu’il définit sa candidature : « Si je deviens président du CIO, je n’imposerai pas de changements depuis le sommet. Je suis fermement convaincu que nous devons écouter les communautés, les personnes qui vivent dans les lieux où se déroulent les Jeux, pour concevoir un événement qui attire les populations locales et laisse un héritage durable ».

Le Post Courier, un journal de Papouasie-Nouvelle Guinée, a résumé son propos avec cette formule : « Lend an ear, earn their hearts » – autrement dit « Prêter l’oreille, gagner leur cœur ».

 

Il lui reste encore quatre mois pour se montrer persuasif auprès des autres membres du CIO. Il devra pour cela barrer la route à ses concurrents : l’Anglais Sebastian Coe, la Zimbabwéenne Kirsty Coventry, le Français David Lappartient, l’Espagnol Juan Antonio Samaranch, le Prince Feisal Al Hussein de Jordanie, et le Britannique Johan Eliasch.

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