Feisal Al-Hussain se dit franc et écouté

De tous les candidats à la présidence du CIO, le Prince Feisal Al-Hussain est sans doute le plus discret. À l’occasion d’un passage à Londres, il a rencontré une équipe de Reuters. L’occasion lui a été donnée d’évoquer les clés de sa candidature. Elle repose sur son intégrité, sa volonté d’inclusion et l’imagination.
Discret, Feisal Al-Hussain l’est sans doute ayant grandi dans l’ombre de son frère ainé, le Roi Abdallah II de Jordanie. Même s’il a l’âme orientale, son éducation est mâtinée d’occidentalisme. Il a suivi des études scientifiques aux États-Unis et d’économie en Angleterre avant d’intégrer l’armée jordanienne comme pilote de chasse.
Ce qui semble caractériser la personnalité de Feisal Al-Hussain, c’est sa franchise. Il le dit avec force « je crois que j’ai toujours eu de la crédibilité parce que je parle très franchement. Je n’essaie pas de dire des choses que je pense que les gens veulent entendre. Je dis ce que je crois vraiment parce que je pense qu’il faut être franc et honnête si l’on veut construire une relation ».
Au delà des mots, Feisal Al-Hussain le démontre en se montrant critique vis-à-vis de la commission exécutive à laquelle il appartient en qualité de vice-président du CIO.
Al-Hussain déclare, comme son opposant asiatique Morinari Watanabe, qu’il entend veiller à ce que la voix de tous les membres soit entendue s’il était élu.
Depuis plusieurs années, il semble que la session soit devenue une chambre d’enregistrement des décisions prises par Thomas Bach et la Commission exécutive, le gouvernement de l’organisation mondiale du sport.
Imagination, l’intégrité et l’inclusion
Intègre et inclusif, Feisal Al-Hussain vient de démontrer qu’il est aujourd’hui nécessaire de réformer l’institution et la rendre plus démocratique. Quant au troisième pilier de sa candidature, il repose sur l’imagination.
Tout d’abord, le prince jordanien compte mieux employer les formidables ressources du CIO (7,6 milliards de dollars pour le dernier exercice 2021-2024). « Nous n’utilisons pas pleinement le potentiel du CIO… la question est de savoir comment libérer ce potentiel ? » déclare-til.
L’autre idée forte repose sur l’impact du réchauffement climatique. Le Prince Feisal croit beaucoup à la flexibilité des dates pour l’organisation des épreuves olympiques.
Considérant que tous les continents doivent pouvoir prétendre à l’organisation des Jeux olympiques, l’ancien pilote jordanien des Forces aériennes fonce droit sur l’un de ses objectifs : permettre à un pays du Moyen-Orient d’obtenir les Jeux.« La façon dont ils sont structurés (les Jeux) actuellement limite le nombre de pays qui peuvent le faire ». Une flexibilité dans les dates d’organisation permettrait d’ouvrir les Jeux à davantage de pays.
Chacun sait qu’il fait très chaud en Arabie Saoudite et au Qatar en juillet-août, ce qui pénalise la candidature de ces deux pays pour l’organisation des Jeux dès 2036.
Homme-clé dans la modernisation de l’armée jordanienne, Al-Hussain se définit comme un sportif convaincu, un défenseur du développement du sport féminin au Moyen-Orient, un promoteur de la paix par le sport. Ce dernier point n’est pas anodin, c’est le fondement même à l’origine de la création du CIO en 1894.
Les autres candidats à la présidence du CIO sont l’Anglais Sebastian Coe, la Zimbabwéenne Kirsty Coventry, le Français David Lappartient, l’Espagnol Juan Antonio Samaranch, le Britannique Johan Eliasch et Morinari Watanabe (voir plus haut).