L’offensive de charme de la Russie
La Russie, longtemps en conflit ouvert avec le Comité international olympique (CIO), entend changer radicalement d’attitude dans la perspective du changement de présidence. Le ministre russe des Sports, Mikhaïl Degtyarev n’a pas laissé la moindre ambiguïté lors de son allocution devant le Forum panrusse des nouveaux médias.
À la différence de son prédécesseur, Oleg Matytsyn, Degtyarev (photo) entend construire un changement majeur dans l’approche russe à l’égard du Comité international olympique et du Mouvement olympique.
Dans son intervention, il explique que le dialogue entre la Russie et le CIO se poursuit, en vue de l’avenir : « Le dialogue se déroule de manière non publique, par divers canaux et sur des territoires neutres. Je pense que nous devons arrêter les accusations, les insultes, nous devons commencer à tendre vers un assouplissement de la position du CIO envers nos athlètes ».
Ces propos confirment le changement de stratégie exprimée quelques semaines plus tôt avec la démission de Stanislav Pozdyakov de la présidence du Comité olympique russe (ROC). Lors de son allocution, Degtyarev a déclaré qu’il se présenterait au poste de président du Comité olympique russe (ROC) tout en espérant rester ministre des Sports. C’est la définition de l’optimisation et la centralisation du sport de haut niveau souhaité par Vladimir Poutine.
La Russie attend l’élection avec impatience
L’échec relatif des Jeux du BRICS, passé totalement inaperçu en juin dernier, et plus encore la difficulté à mettre sur pieds des Jeux de l’Amitié en septembre dernier, a sans doute contraint la Russie à ce changement de cap. Il semble que Vladimir Poutine, fer de lance de son opposition au CIO et à Thomas Bach en particulier, a mésestimé le poids que les États-Unis ont au sein des chancelleries du monde entier.
Ajoutons que l’annonce du renoncement de Thomas Bach à se présenter à un troisième mandat et les faibles tentatives de déstabilisation des Jeux de Paris 2024 démontrent que cette stratégie est décidée depuis l’été.
On le voit, les Russes font le pari du changement à la tête de l’organisation mondiale du sport pour tenter de revenir dans le giron olympique. Une chose est certaine néanmoins, ils sont farouchement opposés à Sebastian Coe qui a résolument maintenu les sanctions à leur encontre. Ils espèrent l’élection de Juan-Antonio Samaranch, voire celle de David Lappartient ou du Japonais Morinari Watanabe.
Degtyarev n’a pas vraiment cité les trois autres candidats que sont Feisal Al Hussein, Kirsty Coventry ou Johan Eliasch.
La Russie entend payer ses dettes
Autre indicateur qui montre que les Russes veulent en finir avec les conflits avec les autorités du sport mondial, Degtyarev a également déclaré que des dispositions étaient en cours pour que les frais de l’Agence antidopage russe (RUSADA) à l’Agence mondiale antidopage (AMA) soient payés en totalité. « Le dialogue est en cours, l’argent est là », a déclaré Degtyarev.
En 2024, l’AMA s’attend à ce que la Russie verse une contribution de 1 335 860 dollars. Au début de l’été, 53 237 dollars ont été versés, soit 4,2 % du montant total. Toutefois, la Russie a fait état de certaines difficultés à effectuer des virements en raison des sanctions financières qui lui ont été imposées.
Elle entend néanmoins mettre à jour ses comptes, sans doute avant la session du CIO en mars prochain en Grèce.