La question du genre au cœur du réacteur

L’affaire Imane Khelif, médaillée d’or olympique en boxe aux Jeux olympiques de Paris 2024, continue de faire des vagues. Son genre ne correspond pas à son physique. Tandis que la campagne pour succéder à Thomas Bach commence à prendre de l’ampleur, l’un des candidats, Sebastian Coe s’en saisit. 

 

La boxeuse a été accusée pendant les Jeux de porter des coups trop violents et d’avoir contraint une adversaire à l’abandon. Voilà maintenant qu’une fuite médicale relance la polémique sur le genre de la championne algérienne.

 

L’hôpital du Kremlin-Bicêtre aurait fait fuiter un rapport médical qui indique que Khelif serait un homme. Selon le rapport, la boxeuse algérienne aurait des testicules internes et des chromosomes XY.

La championne a immédiatement porté plainte après la sortie de cette information.

 

Pendant la durée des Jeux, Imane Khélif a reçu un très fort soutien du président du CIO, Thomas Bach, afin d’éteindre la polémique. Même son adversaire qui avait abandonné après 46 secondes de combat, l’Italienne Angela Carini a admis l’hyperandrogénie de son adversaire. Elle s’est excusée du mal qu’elle avait fait à Khelif. Pourtant, le doute continue de subsister.

Coe prend position

Candidat à la succession de Thomas Bach, Sebastian Coe a décidé de prendre position sur le sujet et de montrer sa différence. Ce n’est pas la première fois.

Son action pour bannir les Russes et les Biélorusses de l’athlétisme, d’abord en raison du dopage d’État, puis après l’invasion de l’Ukraine, est allée à l’encontre des opinions de nombreux membres du CIO.  Il a contrarié l’organisation mondiale du sport avec sa décision d’attribuer des primes aux champions olympiques de Paris 2024 à l’opposé des principes en vigueur jusque là.

 

Coe a pris des positions très tranchées sur les questions de genre au sein de sa fédération (World Athletics). Il indique à l’Agence Reuters que le CIO a besoin de politiques claires pour protéger le sport féminin afin d’éviter des scandales, tels que celui concernant Khelif.

 

Sebastian Coe indique clairement qu’il fera pression pour un changement immédiat concernant la participation des athlètes transgenres et de ceux présentant des développements sexuels différents (DSD) dans les épreuves féminines. Évoquant l’affaire Khelif, Coe se montre plus radical. « Cela m’a mis mal à l’aise », a déclaré Sebastian Coe. « Je pense que la leçon à en tirer est qu’il faut des politiques claires et que le cadre actuel ne l’est pas assez. Pour moi, ce n’est pas négociable. Si vous ne protégez pas cette catégorie (le sport féminin), ou si vous êtes ambivalent à ce sujet, alors cela ne se terminera pas bien pour le sport féminin. »

… et les autres ?

On attend désormais la position de ses adversaires à la présidence du CIO sur le sujet, notamment la seule femme candidate, la Zimbawéenne Kirsty Coventry.

 

Les réponses ne sont pas faciles. Poser la question revient à se demander de savoir ce qu’est un homme et ce qu’est une femme. Elle pose la question sous-jacente de l’inclusion à laquelle le CIO est très attaché. Du point de vue des droits de la personne, les
caractéristiques physiques d’une personne importent moins que son identité de genre, dit-on.

Jongler avec ces questions revient à trouver un équilibre entre les intérêts à défendre.

 

Bref, les positions sur le sujet du Français David Lappartient, de l’Espagnol Juan Antonio Samaranch, du Prince Feisal Al Hussein de Jordanie, du Japonais Morinari Watanabe et du Britannique Johan Eliasch ne manqueront pas de nous intéresser.

3 COMMENTAIRES
  • BLANCHARD 21 novembre 2024

    Merci pour votre analyse.
    La position de Seb Coe est renforcée dans sa course présidentielle car beaucoup de membres du CIO étaient pour cette clarification.

    Le Président Thomas Bach avait fait une déclaration malheureuse quand il avait annoncé:
    « we still need a scientific way to identify men and women. We have said from the very beginning if someone is presenting us a scientifically solid system (for) how to identify men and women, we are the first ones to do it, »
    We do not like this uncertainty. We do not like it for the overall situation for nobody, « So we would be more than pleased to look into it. »

    La question de la clarification du genre (et l’appréciation des Disorders of sexual developments/DSD) est sensible, nous l’avions déjà vu avec le cas de Caster Semenya et la position du gouvernement Sud africain.

    L’élection de Trump et la nomination de Robert Kennedy Junior au poste de secretary of the Department of Health and Human Services vont probablement changer radicalement la position des USA dans les questions d' »inclusion des transgenres et de la diversité ». Je m attends à des règles plus strictes afin de garantir la « préservation du fair play dans les compétitions féminines ».

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