Le Comité olympique russe change de stratégie

Le président du Comité olympique russe (ROC), Stanislav Pozdnyakov vient de démissionner. Souvent en première ligne dans le conflit qui oppose le CIO à la Russie, sa démission peut surprendre. Elle intervient alors que la Russie peine à sortir de l’isolement du sport international à laquelle elle est confrontée. Thomas Bach sur le départ, le Russe a sans doute compris que son successeur devra tout faire pour se rapprocher de l’organisation mondiale du sport.
Quintuple médaillé olympique d’escrime dont 4 fois en or, Stanislav Pozdnyakov tire sa révérence après six années éprouvantes à la tête de l’Olympisme russe. L’ancien président de la Confédération européenne d’escrime a déclaré dans sa lettre de démission qu’il y avait des raisons « opportunes » pour lesquelles le sport russe avait besoin d’un nouveau dirigeant.
« Les défis géopolitiques auxquels notre pays est confronté dictent la nécessité d’optimiser et de centraliser la gestion des domaines d’activité clés, y compris le sport de haut niveau », a-t-il déclaré. « Afin de renforcer davantage le mouvement olympique russe, les conditions sont désormais réunies, notamment économiques, pour un changement de direction et d’équipe » ajoute-t-il.
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Un mandat éprouvant
Stanislav Pozdnyakov a été élu à la tête du ROC en 2018, à une époque où la Russie est aux prises avec une série de scandales de dopage qui l’ont conduit à être bannie de plusieurs sports olympiques pendant quatre ans.
Souvent opposé aux décisions du CIO, bras armé de Vladimir Poutine, Pozdnyakov s’est opposé à Thomas Bach et sa décision de bannir les sportifs russes du sport international après l’invasion de l’Ukraine en 2022. Malgré cela, Pozdnyakov a tenté de maintenir le dialogue avec l’instance du sport international, sans résultat concret.
Opposé à ce que des sportifs russes « neutres » participent aux Jeux de Paris 2024, considérant qu’ils avaient « le devoir de servir la mère patrie », il a néanmoins veillé à ne pas entraver ce projet.
Sa fille Sofia Pozdnyakova, qui a remporté deux médailles d’or en escrime aux Jeux olympiques de Tokyo 2020 n’a pas participé aux Jeux de Paris 2024.
Les Russes en ordre de bataille
Une deuxième déclaration importante est venue du vice-Premier ministre de la Fédération de Russie, Dmitry Chernyshenko, qui a dirigé le comité d’organisation des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi 2014 : « Aujourd’hui, des changements globaux ont lieu dans le sport mondial, ce qui exige de notre part des décisions stratégiques. Le président Vladimir Poutine nous a demandé de renforcer la souveraineté des sports nationaux. Il est nécessaire de renforcer la gestion verticale de l’industrie du sport, de consolider les aspirations et les ressources de tous les niveaux de gouvernement, des entreprises et des organisations publiques ».
Autre personnage important du sport russe, Vladimir Salnikov, quadruple médaillé d’or olympique en natation et désormais président de la fédération russe de natation, a déclaré à l’agence TASS : « Il est impossible de ne pas être d’accord avec l’opinion du président du Comité olympique russe Stanislav Pozdnyakov selon laquelle le pays est actuellement confronté à des défis géopolitiques colossaux qui dictent réellement la nécessité d’optimisation et de centralisation... je crois que tous nos efforts devraient viser à ramener les athlètes russes sur la scène internationale et à unir toutes les forces du pays pour atteindre cet objectif ».
Après l’échec à vouloir réhabiliter les Jeux de l’Amitié en septembre dernier, les Russes semblent fermement décidé à revenir dans le giron olympique. Les élections anticipées pour choisir le successeur de Pozdnyakov seront débattues lors de la réunion du Comité olympique russe le 7 novembre prochain. Les élections pourraient se tenir en décembre.
BLANCHARD 17 octobre 2024
Excellente analyse et rappel d’une situation compliquée si ce n’est complexe.
Les Russes ont fait un gambit, sacrifice d’une pièce majeure sur l’échiquier politique du sport.
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