Pourquoi un sport doit-il « cartonner sur les réseaux » ?
Steven Da Costa, le tout premier champion olympique de karaté à Tokyo 2020 est sans doute las de répéter en boucle la même chose. A tous ceux qui lui posent la question de savoir s’il désespère défendre son titre à Paris 2024 alors que la discipline n’est pas été retenue comme sport additionnel, il répétait jusque là qu’il espérait que le Comité d’organisation changerait d’avis.
Le président de Paris 2024 vient de lui donner l’occasion de changer de discours.
Tony Estanguet (photo) a sans doute eu la formule rapide. La petite phrase du président de Paris 2024 estimant que pour être discipline additionnelle à Paris, il fallait « cartonner » sur les réseaux sociaux n’a pas été du goût du nouveau champion olympique de karaté.
Steven Da Costa a alors avancé deux nouveaux arguments. Il a d’abord voulu rappeler que Tony Estanguet venait d’un sport olympique classique, le canoë-kayak qui ne cartonne pas spécialement sur les réseaux sociaux et se dit triste « je pense que c’est la pire décision pour nous (F.F.Karaté) c’est l’avis de 90% des gens. L’argument des audiences ne me plaît pas parce qu’on sort de la valeur des Jeux en parlant d’argent ». Steven Da Costa a malgré tout reçu le soutien de la ministre des sports.
Faire jeune avec les disciplines additionnelles
Pour les Jeux de Paris 2024, le CIO, pour qui l’argument de l’argent n’est pas neutre, a surtout l’ambition d’imposer des disciplines modernes, celles qui peuvent inciter les jeunes à regarder les Jeux. Les organisateurs ont alors proposé le surf, l’escalade, le skateboard et le breaking ce que le CIO a définitivement validé en décembre 2020. Il est donc à priori trop tard, pour réintégrer le karaté, une discipline classique, fut-il une chance de médaille tricolore.
Car en effet, si le surf ne compte que 15.000 licenciés en France, il jouit d’une vraie attirance auprès du jeune public. Même chose pour l’escalade qui dispose de 100.000 licenciés mais de beaucoup plus de pratiquants. On peut dire à un degré moindre qu’il en est de même pour le skateboard avec ses 60.000 licenciés mais qui compte de nombreux jeunes adeptes.
La surprise, c’était le breaking. Avec seulement 5000 licenciés, il est loin de représenter un sport de masse comme peut l’être le karaté et ses 250.000 licenciés. On peut même se poser la question de savoir s’il s’agit d’un art ou d’un sport. Ce qui est sûr, c’est que la performance physique est indéniable. L’argument de l’intégrer aux Jeux de Paris 2024 tient donc à deux paramètres.
Il « cartonne » sur les réseaux sociaux donc auprès des jeunes où les vidéos de breakers sont diffusées en boucle. Deuxièmement, il plaît au CIO qui avait été séduit par la discipline en démonstration aux Jeux olympiques de la Jeunesse de Buenos Aires 2018.
Depuis, Tony Estanguet a avancé un autre argument, plus recevable cette fois. Il considère qu’avec déjà quatre sports de combat que sont la boxe, la lutte, le judo et le taekwondo, il n’était pas nécessaire de disposer d’un cinquième sport de combat. Le karaté peut retrouver une chance à Los Angeles 2028. Les promoteurs des Jeux l’ont proposé au CIO comme discipline additionnelle. La réponse sera connue en février 2022.
On le devine, l’institution olympique est aujourd’hui tiraillée entre la nécessité de maintenir « ses » sports traditionnels, offrir de confortables revenus aux fédérations internationales et l’obligation de séduire un public jeune avec des disciplines modernes.
Bientôt les Futurous Games
Il est une organisation qui ne se pose plus cette question, c’est Futurous Games, les « Jeux olympiques du futur » dont la première édition est programmée pour 2023. Philippe Blanchard, son promoteur, un ancien directeur du CIO l’assure « ces Jeux seront résolument inclusifs », de quoi séduire et même fasciner les jeunes générations. Chaque équipe sera composée de femmes et d’hommes, d’athlètes et de para-athlètes mais aussi de robots. Tous se mesureront à la technologie, aux technologies.
Les sports pratiqués seront 2.0 : sans être exhaustif citons les tournois de jeux vidéos, les courses de drones, les chorégraphies dans des simulateurs de chute libre, les murs d’escalade cinétique, les démonstrations de robots, les épreuves d’athlétisme entre exosquelettes, les matchs de foot en réalité virtuelle, le dronesurfing par exemple (photo).
Un événement qui vise les 100 millions de « cyberspectateurs » pour sa première édition. Ceux là pourront même interagir pendant les compétitions pour faciliter ou compliquer la tâche des compétiteurs.
Blanchard 13 août 2021
Un grand merci à Dicolympique pour la mention de Futurous Games. Nous avons effectivement de grandes ambitions et serons très heureux de les annoncer aux mondes du sport et de l esport lors de notre lancement officiel.