Élection présidence : les dés sont jetés

Le grand oral pour marquer la différence et convaincre est terminé. Les sept candidats à la présidence du Comité international olympique ont joué leur va-tout devant la centaine de membres du CIO dans le but de succéder en mars à Thomas Bach. Il s’agit avant tout de séduire une assemblée qui n’a rien d’homogène entre d’anciens sportifs, des chefs d’entreprise, des administrateurs sportifs et même plusieurs têtes couronnées. Tous ne partagent pas forcément les mêmes aspirations.

 

Face à la presse, la dizaine de minutes autorisée pour chacun des candidats n’a pas permis de faire une différence notoire entre les différents projets. Les programmes sont connus et les candidats n’ont fait que mettre en évidence leurs points forts. Tous se rejoignent sur les enjeux qui concernent l’avenir du mouvement olympique, comme sécuriser les revenus de l’organisation, intégrer l’impact du réchauffement climatique et veiller à ne pas négliger l‘intelligence artificielle.

 

Autre point sur lequel tous se rejoignent, c’est leur capacité de leadership. Le mot revenait dans tous les discours et particulièrement dans la bouche de Johann Eliasch, le patron de la Fédération internationale de ski et snowboard (FIS) convaincu d’avoir été un grand capitaine d’industrie, un écologiste affirmé et un leader naturel.

 

Autre leader potentiel, le Français David Lappartient, qui cite sa volonté d’unité, de dialogue, le respect de la diversité, de l’autonomie du mouvement sportif et la nécessaire neutralité politique dont le mouvement olympique a besoin. Ces deux candidats sont assurés de faire un premier mandat de 8 ans et un probable autre mandat de 4 ans, comme c’est désormais la norme.

Des hommes pressés

À l’inverse, quatre autres candidats ne sont pas certains d’aller au terme de l’aventure de 12 ans. Tous ont dépassé la soixantaine et il n’est plus possible de diriger le mouvement après 70 ans. C’est un principe, certes, mais il est souvent mis à mal par des membres qui prolongent leur mandat au delà de la limite d’âge.

 

Quoi qu’il en soit, les soixantenaires sont des hommes pressés qui entendent rapidement mettre en musique leurs propositions.

C’est le cas en premier lieu du Japonais Morinari Watanabe qui martèle sa proposition phare qui est de produire des Jeux olympiques sur 5 continents, dans 5 villes différentes et 24 heures sur 24, afin d’avoir davantage de sports, davantage de visibilité et donc davantage de revenus.

 

L’Espagnol Juan Antonio Samaranch, fils de l’emblématique président du CIO de 1980 à 2001, met lui en avant son expérience. Personne ne peut lui contester cette affirmation. Il a intégré le CIO il y a 24 ans et il est également convaincu de sa capacité à mener des discussions diplomatiques avec les grands de ce monde, avec qui le mouvement olympique est obligé de transiger.

 

Le Prince Feisal Al-Hussein, frère du roi de Jordanie, est lui aussi un apôtre de la diplomatie. Il entend promouvoir son idée première qui est de considérer que le sport a le pouvoir de servir la paix. Il est aussi l’un des plus fervent supporter du sport au féminin.

 

Enfin, souvent considéré comme l’un des favoris de l’élection, le patron de l’athlétisme mondial, Sebastian Coe, semble jouer de sa décontraction naturelle. S’il rappelle sa volonté de laisser pour l’heure la Russie à l’écart du sport mondial, il affiche surtout son objectif stratégique d’exploiter les marchés à fort potentiel, en particulier en Afrique et en Asie. C’est un signal envoyé à l’Inde, l’Indonésie, le Qatar, l’Arabie saoudite et l’Afrique du Sud, candidat à l’organisation des Jeux d’été de 2036.

Kisrty Coventry, un autre leadership

Si deux candidats (Lappartient et Coe) affiche leur volonté de lorgner sur le potentiel de l’Afrique, il est une candidate qui connaît ce continent mieux que quiconque, c’est Kirsty Coventry.  La seule femme candidate au poste suprême de l’organisation mondiale du sport est africaine et ne porte pas cet objectif comme un étendard. Comme pour le reste de son projet, tout viendra en temps utile.

 

Détendue face à la presse, la ministre zimbabwéenne des sports joue sur du velours. Kirsty Coventry est la plus jeune. Elle a le temps pour elle et n’en fait pas mystère. Selon elle, l’organisation doit « marquer une pause ». Mais pas un pause pour ne rien faire, mais au contraire pour procéder « à une sorte de retraite » destinée à élaborer une feuille de route collective de l’avenir du mouvement olympique. C’est ainsi que l’ancienne nageuse championne olympique marque sa différence de leadership avec ses collègues masculins. L’ancienne championne olympique entend prendre le temps de réfléchir, de fédérer, d’organiser… avant de foncer.

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