Jeux d’hiver 2030 : la fin d’un long feuilleton
Sauf improbable renversement de situation, les Alpes françaises organiseront bien les Jeux d’hiver en 2030. Mercredi, avec un jour de retard, le nouveau Premier ministre Michel Barnier a envoyé sa garantie de livraison des Jeux olympiques au président du CIO, Thomas Bach. La lettre souligne l’engagement du gouvernement français à garantir l’organisation des Jeux en cas de déficit budgétaire ou de pertes dues à une annulation.
La décision finale repose sur son approbation par le Parlement qui doit parvenir au CIO avant le 1er mars 2025. C’est la troisième fois que le CIO accepte un report de la France à apporter ses garanties budgétaires. Sa patience a fini par payer. Il faut dire que dans cette affaire rien ne s’est passé comme à l’accoutumée.
Le feuilleton inhabituel des Jeux d’hiver 2030
A l’origine, il y avait quatre prétendants à cette organisation : les Japonais de Sapporo, les Américains de Salt Lake City, les Canadiens de Vancouver et les Espagnols de Barcelone.
Barcelone, la première jette l’éponge faute de s’entendre avec la région Aragon, co-organisatrice potentielle des Jeux.
C’est ensuite Vancouver qui lâche prise faute des garanties attendues de la part du gouvernement de Colombie-Britannique.
Sapporo enfin qui faisait figure de favori renonce après que sa candidature ait été plombée par le scandale de corruption des Jeux de Tokyo 2020.
Enfin Salt Lake City accepte d’organiser les Jeux de 2030, mais indique très fort qu’elle préfère 2034 pour ne pas se heurter à la proximité des Jeux de Los Angeles 2028. les Américains craignent de se priver de recettes marketing.
Face à ces défections en cascade, le CIO explore personnellement plusieurs pays pour les inviter à postuler en dernière minute. La Suède, la Suisse et la France qui ont déjà montré des velléités de candidatures pour les Jeux d’hiver sont sollicitées.
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Trois nouveaux dossiers à l’examen
La Suède est la première interrogée pour savoir si après son échec à l’élection 2026, elle est toujours intéressée. Les Suédois fournissent un dossier cohérent, mais tardent à obtenir la garantie de leur état.
La Suisse est également sollicitée. Elle accepte le challenge, mais souhaite que les Jeux soient organisés sur l’ensemble de son territoire. Une contradiction flagrante avec la charte olympique qui souhaite qu’une ville, voire une région soit à l’initiative des Jeux.
Bref, les Suisses n’ont pas tout perdu, ils viennent d’entamer un dialogue « privilégié » avec la direction du CIO… à Lausanne pour les Jeux d’hiver de 2038.
C’est alors qu’à la hâte, les Français commencent à constituer leur dossier. La région Auvergne-Rhône-Alpes se montre intéressée, tandis que la région Provence-Alpes-Côte d’Azur est bouillante. Mais l’une sans l’autre n’a aucune chance, ils manquent de nombreux sites de compétitions sur les deux territoires et le projet serait bien trop cher.
C’est alors que Guy Drut, en vieux connaisseur de l’institution olympique, appelle les deux régions à se marier pour garantir leur chance. Le nouveau président du CNOSF, le comité olympique français, David Lappartient va faire le reste.
Dans sa capacité à convaincre, il constitue un attelage entre les deux régions. Tous les sites ou presque existent au nord comme au sud. Les dépenses d’infrastructures seront minimes (une patinoire et un centre de glisse provisoire ou à louer à l’étranger) et l’affaire est faite.
Le dossier est ficelé en 4 mois… et le CIO l’approuve comme le meilleur vis-à-vis des Suédois et des Suisses. Un exploit ? Ce n’est rien de le dire.
La bienveillance du CIO
Pour obtenir les Jeux 2030, les Alpes françaises ont bénéficié d’un sacré coup de pouce du CIO. Ainsi, les Alpes françaises sont désignées candidat privilégié du CIO en mars dernier alors que comme la Suède, l’état français n’a pas apporté la moindre garantie.
Le vote qui désigne les Alpes françaises se déroule lors de la session de Paris en juillet 2024 en dépit des règles fixées par la Charte olympique qui dit que les Jeux ne peuvent pas être attribués à un territoire par un vote à l’intérieur de ses propres frontières.
Cette fois, ce sont les règles de l’institution olympique qui sont mises à mal. Le processus de sélection des sites du CIO réformé depuis 2021 avec la désignation d’un candidat préféré oblige les dirigeants à l’approuver lors de la plus immédiate Session. Il n’y avait pas d’autres options.
Finalement à 84 voix pour, 4 contre et 7 absentions, les Alpes françaises ont obtenu les Jeux d’hiver 2030. Beaucoup parlent de coup de maître, les Suédois sans doute, de hold-up parfait !
Les organisateurs ont désormais jusqu’au mois de mars pour former un comité de candidature et élire ses dirigeants. On parle de Martin Fourcade, désormais membre du CIO comme président du Comité d’organisation.
Les Jeux se dérouleront à Nice, pour toutes les épreuves sur glace et dans les Alpes du Nord pour la glisse et le ski, ainsi que dans les Alpes du Sud pour les nouvelles glisses (snowboard, ski acrobatique).