La Suisse aimerait changer la règle du jeu
Depuis la rénovation des Jeux olympiques, comme jadis dans l’Antiquité, c’est une ville qui organise les Jeux olympiques. Même si elle bénéficie du soutien de son état, c’est son conseil municipal qui doit en assumer la responsabilité. Les Suisses veulent faire voler en éclat ce principe et disent vouloir organiser les Jeux d’hiver dans tout le pays.
Le Comité National Olympique suisse (Swiss Olympic) n’est pas pressé. Il étudie la possibilité d’accueillir les Jeux d’hiver, mais ne donne pas de dates précises. Sa candidature potentielle s’inscrit pour 2030, 2034 ou bien encore 2038 après avoir entamé des pourparlers avec le Comité International Olympique (CIO).
Une étude de faisabilité a été lancée en avril par Swiss Olympic sur la perspective d’une future candidature. Pour elle, les choses sont claires, afin d’organiser des Jeux « durables et rentables » ils doivent être organisés sur tout le territoire national et pas seulement dans une ville et sa région comme c’est généralement le cas. « Cela ferait de la Suisse le premier « pays hôte » de l’histoire olympique précise le Comité national.
A travers cette vision, les Suisses entendent privilégier une expérience unique : célébrer une société multiculturelle et multilingue qui donne une impulsion dans tout le pays et fait rayonner la Suisse.
Tout sur place ou presque
Sur le plan organisationnel, Swiss Olympic estime que le pays peut se targuer d’être un « hub mondial des sports d’hiver » grâce à ses « infrastructures sportives modernes » et son « savoir-faire organisationnel ».
Le comité national souligne que le pays s’apprête à organiser une série d’événements majeurs au cours des quatre prochaines années comme les Championnats du monde de bobsleigh et de skeleton en 2023, ceux de biathlon en 2025, ceux de ski acrobatique et de snowboard en 2025 et enfin les championnats du monde de hockey sur glace masculin en 2026 et de ski alpin en 2027.
Elle dit disposer dans tout le pays « d’infrastructures modernes et contemporaines » pour 13 des 14 sports olympiques d’hiver d’ici la fin de la décennie. Seul, le patinage de vitesse reste un problème car elle n’a « pas de lieu de compétition possible ». Elle discuterait avec d’autres nations voisines de l’organisation du sport à l’extérieur du pays.
Swiss Olympic ajoute qu’elle pourrait utiliser les installations existantes pour accueillir les athlètes et les officiels dans ce qu’elle a décrit comme des « centres olympiques » au lieu de construire un « grand » village olympique.
Stop au gigantisme
« Dans ces conditions, le gigantisme est hors de question », a déclaré la vice-présidente de Swiss Olympic, Ruth Wipfli Steinegger.
Ce changement de cap est désormais possible grâce au dispositions de l’Agenda 2020 du CIO qui prône la souplesse d’organisation afin de réaliser des économies. Ainsi, ce n’est plus seulement une ville, mais parfois deux régions, voire deux villes de deux pays voisins qui peuvent s’associer pour organiser les Jeux.
La commission des futurs hôtes du CIO en charge des Jeux d’hiver est chargée d’étudier toutes les options. Elle comprend également la possibilité de désigner tout à la fois, la ville (région, pays ?) organisatrice des Jeux d’hiver 2030 et 2034, voire désigner plusieurs villes de plusieurs continents susceptibles d’organiser les Jeux d’hiver à tour de rôle compte tenu du changement climatique.
Swiss Olympic qui s’inscrit pleinement dans ce projet estime que les mesures de réduction des coûts contribueraient à des Jeux « les plus écologiquement, économiquement et socialement durables ».
Après plusieurs échecs pour l’accueil des Jeux et notamment celui de la ville de Sion pour 2026, la vision proposée par la Suisse aujourd’hui est celle là. Elle s’oppose à la candidature des régions françaises alpines d’Auvergne Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur.
La Suède est également entrée en concurrence pour 2030 avec la ville de Stockholm associée aux villes de Falun, Are et Ostersund. Le Comité Olympique Suédois est d’ailleurs passé à un « dialogue continu » avec le CIO et a déjà obtenu un premier soutien public avec une enquête qui a révélé que sept Suédois sur 10 estimaient que le pays devrait postuler à condition que cela se fasse de manière durable, démocratique et rentable.