INTERSEXUALITÉ – Maux du sport

Lorsque le Prince Alexandre de Mérode, président de la Commission médicale du CIO, établit en 1968 les tests de féminité, c’est pour traquer ces athlètes

Lorsque le Prince Alexandre de Mérode, président de la Commission médicale du CIO, établit en 1968 les tests de féminité, c’est pour traquer ces athlètes susceptibles d’absorber des hormones mâles et inscrites dans les épreuves féminines. À l’époque, ce test vise directement la skieuse autrichienne Erika Schinnegger, championne du monde de descente deux ans plus tôt et soupçonnée d’être intersexuée.

Dès lors, la championne choisit de vivre comme un homme. Il faudra néanmoins vingt ans avant que son titre ne lui soit retiré et attribué à celle qui avait pris la deuxième place, la française Marielle Goitschel.

 

Avant elle, le cas de l’Américaine d’origine polonaise Stella Walsh (photo) autrefois connue sous le nom de Stanislawa Walasiewiecowna, était édifiant.

Deux fois médaillée d’or et d’argent, aux Jeux dans les années 1930, la championne dont le physique était surprenant fut soupçonnée d’être un homme. À sa mort, une autopsie a révélé que l’ancienne championne était androgyne et présentait les caractéristiques internes aux deux sexes.

 

Toujours dans les années 1930, la chasse aux athlètes intersexuels avait commencé avec le cas de l’athlète allemande Dora Ratjen.

 

Plus récemment dans les années 1960, le cas de la championne olympique d’athlétisme polonaise Ewa Klobukowska fut instructif. À la suite d’un contrôle antidopage, la fédération athlétique russe pousse à la faire suspendre, considérant que son test de féminité était « insuffisant ». En fait, il n’en était rien, il s’agissait d’une manipulation.

Elle sera seulement réhabilitée et innocentée que dans les années 1990 après les changements politiques en Europe de l’Est.

Le cas Semenya

La Commission médicale du CIO préconise donc qu’un homme devenu femme ne puisse pas être admissible dans une compétition féminine « avant un minimum de deux ans après la gonadectomie », l’ablation des testicules.

 

Reste toutefois, le cas de l’athlète sud-africaine, Caster Semenya dont le physique rappelle celui d’un homme. En 2018, la Fédération internationale d’athlétisme a annoncé de nouvelles règles obligeant les athlètes hyperandrogènes à prendre des médicaments pour abaisser leur taux de testostérone. Comme seuls les athlètes pratiquant le demi-fond sont concernés par le règlement, on peut penser qu’il vise directement Semenya. Pour l’instant l’athlète refuse de prendre lesdits « médicaments ». Elle a été privée des Jeux de Tokyo 2020.

Plus de chasse à l’intersexualité !

Aujourd’hui, les athlètes soupçonnés d’intersexualité sont autorisés à prendre part aux compétitions olympiques à condition de remplir trois conditions. D’abord, avoir effectué les transformations anatomiques chirurgicales nécessaires, comme le changement des organes génitaux externes et la gonadectomie.

La deuxième réclame qu’une reconnaissance légale du nouveau sexe de l’athlète concerné ait été accordée par les autorités officielles compétentes.

La troisième, enfin, stipule qu’un traitement hormonal approprié au nouveau sexe ait été administré durant une période suffisamment longue pour réduire au minimum les avantages liés au sexe dans les compétitions sportives. Il n’est plus question alors d’intersexualité, mais d’athlètes transgenres ou ayant bénéficié d’une transidentité.

 

Désormais, une nouvelle règle, appelée à évoluer avec les connaissances scientifiques, morales et éthiques, définit le cas des athlètes transgenres.

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