Semenya se bat pour son intégrité physique
Interdite de toutes compétitions depuis mai 2019, l’athlète sud-africaine Caster Semenya attend que son appel devant la Cour européenne des Droits de l’homme (CEDH) soit entendu.
Elle s’est adressée à la Cour en novembre 2020. Jusque là, cette dernière n’a pas fixé de date.
A son tour, la Fédération d’Athlétisme d’Afrique du Sud vient de faire pression pour que son recours soit examiné rapidement. Il s’agit de lui permettre de défendre son titre du 800 m à Tokyo 2020.
La championne olympique de Rio 2016 est empêchée en raison des règles qui lui sont imposées par World Athletics. En effet depuis avril 2018, la Fédération internationale d’athlétisme a établi un règlement concernant l’hyperandrogénie. Il impose aux sportives concernées par cet excès d’hormones masculines de prendre des médicaments pour faire baisser le taux de testostérones que produit naturellement leurs corps.
Pour World Athletics, Caster Semenya présente le schéma chromosomique masculin XY bien plus élevé que celui des femmes. Cela lui donnerait un avantage injuste sur les autres athlètes. Il aurait été établi que cet avantage serait de 7 secondes sur un 800 m.
Dieu m’a faite telle que je suis
Casper Semenya conteste ces règlements qui plafonnent les niveaux de testostérone des athlètes dans les épreuves féminines du 400 mètres au kilomètre. Un règlement, qui semble t-il, la vise directement puisque entre le 400 et le kilomètre, il n’y a qu’une distance courue : le 800 m, la sienne.
Après avoir échoué à faire changer ce règlement devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) et le Cour suprême fédérale de Suisse, l’athlète sud-africaine s’en remet désormais à la Cour européenne des droits de l’homme.
Le temps presse, les Jeux sont dans moins de quatre mois.
Le Département des sports, des arts et de la culture du gouvernement sud-africain a promis 12 millions de rands (près de 700.000 euros) pour aider Semenya à faire appel. La Confédération sud-africaine des sports et des Jeux olympiques a également déclaré son soutien à Semenya. Elle a même obtenu auparavant, un soutien du Conseil des droits de l’homme des Nations unies.
Au delà des aspects techniques et de la prétendue supériorité de Semenya, il est une question plus fondamentale qu’aura à traiter la CEDH. C’est la question des droits humains auxquels l’athlète a droit. C’est aussi la question du droit à la dignité et à l’intégrité physique et corporelle.
Comme elle le dit elle-même : « Dieu m’a faite telle que je suis et je m’accepte moi-même ».