2024 : l’année qui a changé l’univers olympique

Thomas Bach va quitter la présidence du CIO. Pour justifier le choix de ne pas solliciter un « potentiel » troisième mandat, l’Allemand a déclaré que le mouvement olympique a besoin d’un nouveau souffle, d’un « nouveau capitaine » selon ses mots. Pourtant, il peut partir sans regret, à l’issue de cette année 2024, le mouvement olympique a profondément changé*.
Les 12 derniers mois ont été un tourbillon d’expériences transformatrices et d’étapes marquantes pour le Mouvement olympique. Ces expériences ont contribué à renforcer sa pertinence. La tradition et l’innovation ont cohabité sans difficulté et de nouveaux publics, plus jeunes, plus connectés, adhèrent à cette transformation. C’est ainsi qu’on parle désormais dans l’univers olympique de développement durable, d’intelligence artificielle (IA), d’eSport. Mais plus que tout, les Jeux de Paris 2024 ont permis une révolution. Ils ont ouvert l’univers olympique à tous, sportif ou non.
Des Jeux pour tous
Première innovation, la cérémonie d’ouverture des Jeux, le long de la Seine, qui ne s’était encore jamais vue. Le spectacle proposé devait être grandiose afin de faire oublier le plus spectaculaire de tous jusque-là, au cœur d’un stade, la cérémonie d’ouverture des Jeux de Pékin 2008 dans le Nid d’oiseau.
Même si l’ensemble du spectacle n’a pas été dénué de critiques, l’impression globale a montré que ces Jeux étaient les Jeux de tout le monde. C’était le principal message que voulaient transmettre les organisateurs. Mais plus important encore, Paris a été mis en lumière comme jamais. En ouvrant l’ensemble de ses sites emblématiques aux nouveaux sports olympiques, Paris a réussi le pari d’intégrer le sport dans la ville, ce qui ne s’était jamais vu.
Autre aspect remarquable, Paris 2024 n’a pas eu à bouleverser sa configuration pour accueillir les Jeux. Seulement, trois nouvelles installations ont été construites : l’Aréna de la Porte de La Chapelle, le centre d’escalade du Bourget et le centre aquatique olympique près du Stade de France. Toutes serviront à des fins communautaires à long terme.
Par ailleurs, la principale construction, le village olympique, va être transformée en 3000 logements modulaires et respectueux de l’environnement. Le développement durable a été l’un des piliers des Jeux de Paris 2024, avec un modèle qui a permis de réduire de moitié les émissions de carbone par rapport aux éditions précédentes.
Les Jeux olympiques de Paris ont également franchi une étape historique en matière d’égalité des sexes. Ils sont devenus les premiers Jeux à accueillir un nombre égal d’athlètes masculins et féminins. Les épreuves olympiques ont également introduit davantage d’épreuves mixtes, démontrant l’engagement du CIO en faveur de l’équité.
Innovations à la pelle
Autre grande innovation, l’intelligence artificielle (IA) a joué un rôle central lors des Jeux de Paris 2024. Non seulement elle permet d’améliorer l’entraînement des athlètes, mais elle améliore également l’arbitrage des compétitions. De plus, en marge des millions de téléspectateurs qui se sont rendus dans les stades, elle change la qualité des retransmissions pour les centaines de millions de téléspectateurs dans le monde. Le chiffre cumulé des personnes ayant vu les Jeux de Paris se chiffre en milliard, cinq précisément.
Ajoutons que l’IA a même joué un rôle dans la promotion d’un environnement numérique positif en luttant contre les discours de haine en ligne sur les réseaux sociaux.
S’agissant du sport à proprement parler, l’univers olympique fait désormais une grande place aux nouvelles disciplines urbaines qui s’ajoutent aux sports traditionnels. Elles sont essentielles, car elles captivent le jeune public. C’est capital pour l’avenir du mouvement olympique. Désormais, sport, culture et musique fusionnent avec allégresse.
Dans le même temps, le CIO franchit le pas et respecte un de ses engagements pris lors de l’agenda olympique 2020 + 5, en s’intéressant au sport que tous peuvent pratiquer chez eux : le sport électronique, plus communément appelé eSport. La période de pandémie n’a fait que renforcer ce besoin.
Les premiers Jeux olympiques d’eSport se dérouleront en 2025 en Arabie saoudite et, désormais, le travail commence : aligner l’esprit individuel aux valeurs de l’olympique. C’est un défi.
Le chantier
Ces réformes, qui allient technologie, engagement des jeunes et inclusion culturelle, renforcent la pertinence et l’attrait du Mouvement olympique. C’est ce chantier que devra poursuivre le nouveau président de l’organisation mondiale du sport. Tous en sont conscients, tous l’évoquent dans leur manifeste de campagne.
D’autres défis restent à relever. Citons notamment l’évolution du programme de sponsoring (programme TOP) après le départ de trois acteurs japonais majeurs. Il semble que ces parraineurs paient très cher pour être associés à l’image de l’olympisme, sans en tirer un véritable bénéfice. Le CIO devra rechercher de nouveaux moyens de les mettre en évidence et probablement de nouvelles alliances, en Chine, en Inde, aux États-Unis, siège des prochains Jeux d’été 2028.
Là encore, la personnalité qui prendra la tête de l’organisation sera déterminante dans les choix stratégiques à venir afin de rester un symbole mondial d’unité et d’excellence.
* Article-Source Xinhua (Xiao Yazhuo)