Le CIO défie à son tour la Russie
C’est dans un climat de défiance vis à vis de la Russie que s’est tenue hier à Lausanne, la troisième journée de la 139ème session du CIO qui avait commencé en février dernier avant l’ouverture des Jeux d’hiver de Pékin 2022. Réunis en mode hybride (photo), les délégués du Comité International olympique (CIO) ont fait le tour des problèmes qui se posent à l’organisation et en particulier le conflit entre la Russie et l’Ukraine.
Pour le président du CIO, l’organisation est confronté à un défi majeur. « Le dilemme auquel nous sommes confrontés en ce moment », a déclaré Bach, est « nous ne pouvons pas pleinement remplir notre mission d’unir le monde entier dans une compétition pacifique ».
Forte d’avoir déclenché un conflit armé en Ukraine pendant la trêve olympique, la Russie a été mise au ban du sport international. Pour autant, le président du CIO, Thomas Bach a admis que les problèmes avec la Russie remontent à bien plus longtemps.
Selon lui, les relations de l’organisation avec le gouvernement russe se sont « considérablement détériorées au cours des dernières années », affirmant que le pays est responsable de « menaces personnelles contre des individus ».
La Russie au cœur de bien des problèmes
« Donnez une chance à la paix' » avait dit le président du CIO aux dirigeants politiques du monde entier dans ses discours d’ouverture et de clôture à Pékin. Malgré cela, quatre jours après la conclusion des Jeux d’hiver de Pékin 2022, les chars russes entraient en Ukraine, les avions russes commençaient à pilonner la capitale Kiev.
Selon le président du CIO, les relations avec la Russie se sont détériorées « suite au scandale du dopage, aux cyberattaques et même aux menaces personnelles contre des individus du CIO et du Mouvement olympique. » Même si le président du CIO n’a pas évoqué les personnalités ciblées, on devine à la gravité de ses propos qu’il était l’une des personnes concernées.
L’escalade
La Russie n’est plus en mesure de participer aux championnats du monde et aux épreuves olympiques sous son propre nom et drapeau, à la suite des sanctions antidopage imposées par le Tribunal arbitral du sport (TAS). A cela s’ajoute désormais l’interdiction faite aux compétiteurs russes de ne plus pouvoir participer à aucune épreuve internationale après le déclenchement du conflit ukrainien.
Pour Vladimir Poutine qui a fait du sport le fer de lance de sa politique diplomatique, ces représailles sont insupportables. D’ailleurs, un député à la Douma entend faire évoluer la loi russe pour tenter de contourner le problème.
La dernière escalade à l’initiative du président du CIO concerne désormais les athlètes qui soutiennent l’assaut militaire de la Russie contre l’Ukraine. Thomas Bach insiste sur le fait qu’ils « en tireront les conséquences nécessaires ».
Il est favorable aux sanctions prononcées par la Fédération Internationale de Natation (FINA) et de la Fédération Internationale de Gymnastique (FIG) qui ont suspendu les athlètes qui sont partisans du conflit.
C’est ainsi que le gymnaste russe Ivan Kuliak (photo) a reçu une interdiction d’un an pour avoir porté le symbole «Z» qui démontre son soutien à l’invasion de l’Ukraine. Par ailleurs, le double champion olympique de natation Evgeny Rylov est banni de toutes les compétitions pendant neuf mois après avoir assisté à un rassemblement pro-guerre organisé par Poutine.
Quoiqu’il en soit, le gouvernement russe n’aura des échos de cette session que par la presse, les membres russes du CIO, Yelena Isinbayeva and Shamil Tarpishchev n’ont pas pris part à cette troisième journée.
Dick Pound tire sa révérence
C’est ainsi que s’est achevé la plus longue session du CIO commencé il y a plus de trois mois.
A cette occasion, l’ancien vice-président du CIO Dick Pound a été élu membre honoraire du CIO (photo ci-dessus). Il quitte l’organisation dont il était le plus ancien membre après 44 ans de présence continue au sein du mouvement olympique.