Une championne biélorusse condamnée à la prison

La Biélorussie a condamné la médaillée olympique Aliaksandra Herasimenia (photo ci-dessus) et le militant politique Alexander Opeykin à 12 ans de prison pour « atteinte à la sécurité nationale ». La chef de l’opposition Sviatlana Tsikhanouskaya, a qualifié ce jugement de « honte ».
Aliaksandra Herasimenia et Alexander Opeykin ont été condamnés par contumace par le tribunal municipal de Minsk pour avoir créé l’association du Fonds de solidarité sportive biélorusse et selon le tribunal « diffusé de fausses informations par le biais des médias lors de la campagne électorale de 2020 ».
En plus de la peine de prison, le tribunal a ordonné la confiscation de l’appartement d’Herasimenia, de sa voiture et de ses comptes bancaires. La championne a depuis plusieurs mois quitté le pays et vit désormais à l’étranger.
La Biélorussie a été secouée par d’énormes manifestations après les élections contestées d’août 2020 que Loukachenko prétend avoir remportées. Pour l’Occident et l’opposition russe, elles sont considérées comme frauduleuses.
Les autorités ont répondu aux manifestations par une forte répression où plus de 35000 personnes ont été arrêtées et des milliers d’autres ont été battues par la police. En conséquence, l’Occident a imposé des sanctions économiques punitives à la Biélorussie.
Selon le principal groupe de défense des droits de l’homme en Biélorussie, Viasna, il y a actuellement 1 439 prisonniers politiques dans le pays dont de nombreux sportifs.
L’ombre de Loukachenko plane sur ce jugement
Aliaxandra Herasimenia, triple médaillée olympique (argent et bronze) lors des Jeux olympiques de Londres 2012 et Rio 2016, doit purger sa peine dans une prison générale. De son côté, Opeykin devra purger sa peine dans une « prison à régime renforcé » selon l’agence Reuters.
La championne qui vit à l’étranger a voulu témoigner de ce jugement sur son compte Instagram. « En cette période difficile pour la Biélorussie, où nos proches sont emprisonnés, nos connaissances sont licenciées du travail et expulsées des équipes nationales pour leur position civique, alors que la cruauté et la violence sont la norme, et que l’honneur et la dignité ne signifient rien, c’est très important ne pas abandonner ! témoigne t-elle.
On rappelle que le président biélorusse Loukachenko (photo) était jusqu’en février 2021, également président du Comité olympique Biélorusse (NOCRB). Il a depuis installé son fils ainé dans son fauteuil.
Considéré comme non grata par le CIO, il avait été empêché d’assister aux Jeux de Tokyo 2020 comme son statut l’y autorisait.
De plus, le Comité olympique biélorusse s’est vu privé du soutien financier du CIO. En marge des répressions évoquées plus haut, une centaine d’athlètes s’était vu interdire l’accès aux sports de compétition après la signature d’une lettre ouverte appelant à mettre fin aux violences policières alors que la plupart préparaient les Jeux de Tokyo.
On voit qu’au moment où le CIO envisage lever les sanctions contre les athlètes russes dans les compétitions internationales après le déclenchement du conflit contre l’Ukraine en février 2022, la Biélorussie ne fait rien pour arranger son cas.
La chef de l’opposition Sviatlana Tsikhanouskaya, qui a également été persécutée et vit en exil en Lituanie, a condamné les peines infligées à Herasimenia et Opeikin de « honte ! C‘est ainsi que le régime tente de punir les opposants en exil » a tweeté Tsikhanouskaya.