L’homme qui envoie la Russie au diable !

À l’origine Grigory Rodchenkov était directeur du laboratoire antidopage de Moscou. Il s’y montre un fonctionnaire zélé au point de couvrir le dopage russe lors des Jeux de Sotchi 2014. Il en est même l’un des principaux acteurs et assume d’avoir été « le cerveau » de l’opération..
Quelques mois plus tard, un journaliste américain, Brian Fogel, contacte Grigory Rodchenkov pour savoir comment il pourrait participer à une raid cycliste, se faire « aider » et parvenir à ne jamais se faire prendre. Il entend faire un reportage sur « sa » méthode de préparation.
Rodchenkov accepte de le conseiller. Peu à peu, leurs échanges sur internet se multiplient et un climat de confiance s’établit. C’est ainsi que Rodchenkov bascule et lui révèle comment la Russie a triché pour obtenir de bons résultats à Sotchi 2014.
C’est là que le sens du reportage change du tout au tout. Fogel et Rodchenkov décide de livrer au monde l’énorme supercherie. Le documentaire intitulé Icare (disponible sur Netflix) montre comment les services secrets russes et, indirectement, l’État russe ont mis en œuvre un programme de dopage généralisé destiné à permettre aux Russes de dominer les Jeux de Sotchi. Le documentaire, édifiant, a reçu un Oscar à Hollywood en 2017.
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Pour Rodchenkov, les affaires se gâtent en Russie. Repéré par les services secrets, il est contraint de fuir son domicile et s’échapper aux États-Unis, sans sa famille.
Il ira témoigner le visage dissimulé (photo ci-dessus) devant l’Agence mondiale antidopage (AMA).
C’est ce témoignage couplé à l’enquête indépendante du juge canadien McLarren qui a conduit à la suspension de la Russie pendant quatre ans de toutes compétitions internationales. Le Tribunal arbitral du Sport (TAS) ramènera la condamnation à deux ans entre 2020 et 2022.
Les révélations de Rodchenkov ont contribué à la disqualification de plus de 40 athlètes russes aux Jeux de Sotchi 2014.
Une vie sous fausse identité
Quelques mois plus tard, celui qui est devenu un lanceur d’alerte reçoit le Prix du livre de sport de l’année 2020 pour son livre l’Affaire Rodchenkov.
Depuis, Rodchenkov vit aux États-Unis, sous une fausse identité, avec un nouveau visage, caché, dans le cadre de la procédure de protection des témoins. « Il est un lanceur d’alerte comme peu d’autres, et il reste un “fantôme” vivant en Amérique, séparé de sa famille, le prix qu’il paie pour vouloir être du côté de la vérité », indique la présidente du jury, la journaliste britannique Alyson Rudd.
Le livre, « l’affaire Rodchenkov » retrace l’enfance de Rochchenkov qui a grandi sous le rideau de fer, ses premières expériences de dopage en tant que jeune athlète à Moscou et sa carrière ultérieure en tant que chef du laboratoire national antidopage de Russie. L’autobiographie offre également un aperçu des enjeux élevés sous la supervision du Kremlin, des conflits internes provoqués par la tricherie et des sacrifices consentis par Rodchenkov tout au long de sa vie.
Un livre témoignage et ses conséquences
À la suite de ce scandale, les États-Unis ont adopté une loi : la loi Rodchenkov . Elle donne à la justice américaine le pouvoir de poursuivre des individus pour des projets de dopage lors de compétitions sportives internationales impliquant des athlètes américains ou des parties prenantes américaines (sponsors, télévisions). Ce projet de loi suscite la controverse et qui remet en cause le travail et l’autorité de l’Agence Mondiale antidopage (AMA).