Le mauvais œil veillait sur lui
Sélectionné dans l’équipe des États-Unis pour participer aux Jeux de Saint-Moritz 1928, Irving Jaffee (1906 – 1981) va connaître une cruelle désillusion dans l’épreuve du 5000 m. Il domine le champion du monde norvégien Bernt Evensen tandis que la glace fond à vu d’œil en raison de l’effet de foehn.
Malgré sa victoire et en dépit de l’avis du Comité international Olympique (CIO) , il ne recevra jamais sa médaille d’or car l’épreuve est annulée par la Fédération internationale de patinage, dirigée par… un Norvégien. La décision est prise au motif ténu que l’appel des États-Unis n’avait pas été reçu dans les trois heures stipulées après l’annulation de la course.
Cette nuit-là, de nombreux patineurs – dont Evensen lui-même – se sont rassemblés pour protester contre la décision, mais en vain.
Jaffee se remettra de ce coup du sort quatre ans plus tard à Lake Placid 1932 où il s’impose sur 5000 et 10.000 m devant Ivar Ballangrud qui dominait la discipline depuis près de 10 ans.
Là encore, Jaffee avait bien du mérite de se battre sur la glace puisque sur le site fleurissait des panneaux invitant au mépris « des chiens et des juifs », la religion de Jaffee.
Pire même, il subira l’antisémitisme d’un de ses équipiers avec lequel il se battra deux jours avant la finale du 5000 m. Afin de se concentrer sur ses objectifs, il finira par quitter le Village olympique pour se préparer sereinement.
Après les Jeux et malgré ses très bons résultats, Jaffee s’est retrouvé au chômage compte tenu de la « grande dépression » qui sévissait aux États-Unis.
Il dû mettre ses médailles en gage pour trouver un emploi. Quand il a voulu les racheter, le prêteur sur gages avait cessé ses activités et il n’a plus jamais revu ses précieuses breloques.