Russie – Chine : le nouvel axe du sport international ?

La Russie pour qui la confrontation de ses meilleurs sportifs avec ceux de l’étranger a toujours été importante, notamment pendant les années de guerre froide, est exclue du sport international. Elle vit mal sa mise à l’écart voulue par le Comité international olympique (CIO) et laquelle les fédérations internationales (FI) ont donné corps.

 

Jean-Loup Chappelet est professeur honoraire à l’Université de Lausanne. Il connait bien le sport international et l’olympisme en particulier. Dans une tribune qu’il vient de publier dans le très sérieux journal suisse Le Temps, il écrit que les russes ont la tentation de se rapprocher de leur allié chinois dans le but de recréer une sorte de nouvelle ligue mondiale du sport international pendant la durée de leur exclusion.

 

Comme le rappelle Chappelet, « l’invasion de l’Ukraine par la Russie… a obligé les organisations sportives internationales à retirer toutes les compétitions prévues en 2022 de Russie et à exclure les équipes russes et biélorusses des évènements sportifs hors Russie ». C’est ainsi que non seulement les russes (et biélorusses) sont exclus de toutes les grandes compétitions internationales, mais les Championnats du monde de natation prévus à Kazan se dérouleront à Budapest et le Mondial 2022 de volley-ball prévu en Russie aura lieu en Pologne et Slovénie.

 

D’ores et déjà et sans risque de se tromper, on peut dire que l’exclusion des russes du sport mondial laissera des traces. Vladimir Poutine qui a longtemps axé une partie de sa géopolitique sur le sport et qui veillait à ce que son gouvernement organise de nombreux événements sportifs internationaux n’admet pas d’avoir été mis au ban du sport international.

Une nouvelle ligue du sport mondial ?

Xi Jinping (Chine) Poutine (Russie) Bolsonaro (Brésil) Modi (Inde) Ramaphosa (Afrique du Sud) pas seulement alliés économiques ?

C’est ainsi, selon Chappelet que « Face à l’exclusion des sportifs russes qui risque de durer, le Kremlin tente en effet une alliance avec la Chine pour organiser des compétitions conjointes auxquelles se joindraient la Biélorussie, l’Arménie et le Kazakhstan.

Le Comité olympique russe (ROC) vient de rencontrer son homologue chinois (COC) dans ce but. Toujours selon Chappelet « Des pays du BRICS * comme le Brésil, l’Inde et l’Afrique du sud pourraient se joindre à ce projet ».

 

Si tel était le cas, on pourrait dire que la Russie tente de créer un mouvement sportif international alternatif comme jadis elle l’avait fait avec les Spartakiades, lorsque l’ancienne URSS ne souhaitait pas participer aux Jeux olympiques.

 

Pour Chappelet, ce projet a peu de chance d’aboutir, mais la tentation existe : « L’alternative russe a peu de chance de succès tant le système sportif international s’est fortement renforcé depuis les années 1960. Mais elle dénote une forte contestation par les régimes autocratiques de l’universalité des valeurs morales que veut porter le sport mondial, tant par rapport à la paix qu’aux droits humains.”

 

En attendant, les Russes ne désarment pas aussi facilement. Lors de la réception organisée mardi au Kremlin pour les médaillés olympiques russes, Vladimir Poutine a insisté : “Les compétitions annulées doivent être compensées par nos propres nouveaux formats, indique t-il. Et nous pouvons le faire rapidement. Pour cela, nous devrions inviter des athlètes, des clubs, des équipes internationales.”

C’est ainsi qu’un premier tournoi amical de handball féminin vient de se dérouler en Russie avec… la Chine pour invité.

 

 

* BRICS : Acronyme pour Brésil (Brasil), Russie (Russia), Inde (India), Chine (China) et Afrique du sud (South Africa) qui se réunissent lors de sommets des pays émergents.

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