La Russie entend enfin promouvoir « un sport propre »
Longtemps pointée du doigt pour ses problèmes liés au dopage, il semble que la Russie soit désormais fermement décidée à mettre en œuvre une politique rigoureuse destinée à lutter contre les drogues dans le sport.
L’affaire Valieva, révélée pendant les Jeux olympiques de Pékin 2022, reste l’une des affaires de dopage les plus controversées de l’histoire récente du mouvement olympique. Le résultat positif de la jeune fille de 15 ans à un produit interdit (la trimétazidine) a suscité de nombreux questionnements et mis en évidence des failles dans les procédures antidopage. Il semble en tout cas que cette affaire ait agi comme un révélateur en Russie. Longtemps pointée du doigt, la Russie semble vouloir mettre en œuvre une politique antidopage professionnelle et crédible. L’interview de la directrice de l’Agence russe antidopage (RUSADA), Veronika Loginova à RIA Novosti sport, en témoigne.
Dans l’interview accordée à Novesti, Veronika Loginova a clarifié les actions de la RUSADA au moment de l’affaire Valieva. Elle insiste sur le fait qu’en dépit des accusations de négligence, son organisation avait suivi correctement les protocoles.
« Nous n’avons pas marqué l’échantillon comme « urgent », car il a été prélevé en décembre et non en janvier, comme l’exigent les règles. Le retard dans l’analyse était dû à des problèmes liés à la pandémie au sein du laboratoire (suédois) chargé de l’analyse», a-t-elle déclaré. Elle a par ailleurs reconnu les manquements procéduraux plus larges. « Il est crucial que ces échantillons de grande valeur soient prioritaires pour éviter des scénarios similaires ».
Valieva comme fer de lance
Malgré les défis, Loginova a félicité Valieva pour sa résilience et son respect des règles antidopage depuis l’affaire. La RUSADA compte impliquer la patineuse artistique dans des campagnes d’éducation antidopage pour exploiter son influence. « Si elle se joignait à nous pour promouvoir un sport propre, cela enverrait un message puissant aux jeunes athlètes sur l’importance de l’intégrité et de la vigilance ».
La RUSADA a proposé de travailler avec la Fédération russe de patinage artistique pour lancer des initiatives antidopage. Elle vise particulièrement les jeunes athlètes. Cependant, Loginova a admis qu’obtenir le soutien de la fédération est un défi. Les tendances au dopage dans le patinage artistique sont telles que le sport reste problématique. « Le dopage ne concerne pas seulement l’amélioration des performances ; des substances comme les diurétiques peuvent masquer la consommation de drogues. C’est pourquoi l’éducation et la prévention sont si importantes ».
Impliquer l’entourage
L’interview a également abordé d’autres controverses liées au dopage, notamment le cas de la nageuse de 14 ans Millana Zagartdinova. Cette jeune fille est devenue la plus jeune athlète russe à être disqualifiée pour dopage. Loginova a révélé qu’en dépit d’enquêtes approfondies, aucune preuve n’a pu être trouvée pour impliquer l’entourage de la nageuse.
Néanmoins, Veronika Loginova a souligné l’importance d’éduquer les jeunes athlètes et leurs soutiens, y compris les parents et les entraîneurs. « Lorsque des substances interdites sont trouvées chez des athlètes mineurs, il ne s’agit pas seulement de punir l’enfant. Nous devons examiner son environnement », a-t-elle déclaré. Elle déplore toutefois les cas où les parents résistent aux programmes d’éducation obligatoires pour sensibiliser aux règles antidopage.
Elle a appelé à une plus grande vigilance et à une plus grande responsabilité de la part des parents, qu’elle décrit comme des acteurs clés dans le parcours d’un athlète.
Loginova pense que la RUSADA a fait des progrès pour restaurer sa crédibilité sur le plan international. « La perception publique du dopage en Russie a changé et nous sommes déterminés à poursuivre sur cette lancée », a-t-elle soutenu. « Notre objectif est de créer une culture du sport propre ».
Plusieurs dizaines de médaillés non testés avant Paris 2024
L’Agence considère que des améliorations sont nécessaires, notamment en ce qui concerne la prévisibilité et l’étendue des tests. Avant les Jeux de Tokyo en 2021, près de 15% des athlètes n’avaient pas été testés. Selon les experts, les tests sont particulièrement utiles pendant cette période.
Parmi les 14 sports à haut risque classés par l’ITA, la natation est le moins bon élève. Près de 20% des participants n’ont pas été testés au cours des 6 mois précédant les JO de Paris. Toutefois, tous les médaillés ont au moins été testés une fois. Au total, 31 896 tests ont été effectués sur 10 720 athlètes. Jusqu’à présent, 5 cas de dopage ont été recensés lors de ces derniers Jeux. Tous les échantillons ont été congelés en vue d’analyses ultérieures. Les échantillons peuvent être conservés et réexaminés pendant 10 ans à la lumière des progrès scientifiques.
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