Fabriquées par la Monnaie de Paris et dessinées par le joaillier Chaumet, propriété du groupe LVMH, on a longtemps dit que les médailles olympiques de Paris 2024 jouissaient d’un design exceptionnel. Il semble hélas que quelques-unes s’altèrent, notamment celles en bronze. Elles devraient être remplacées.

La polémique a commencé avant même la fin des Jeux. Le patineur américain, Nyjah Huston, médaillé de bronze, a été l’un des premiers à dénoncer le problème sur Instagram (photo). Huston souligne alors qu’en seulement 10 jours, sa médaille avait déjà montré un curieux aspect. Des pièces commençaient à se détacher.

La polémique a pris de l’ampleur ces derniers jours avec deux nageurs français, Clément Secchi et Yohann Ndoye Brouard montrant leur médaille de bronze du 4x100m 4 nages, passablement altérées après avoir été fêtées une partie de l’été (photo).

Leur belle médaille de bronze présente des taches brunes du plus mauvais effet.

Moins de six mois après la fin des Jeux de Paris 2024, plusieurs athlètes ont déjà dénoncé publiquement la détérioration importante de leurs médailles.

Les critiques semblent mettre en cause la qualité des matériaux utilisés pour leur réalisation et en particulier pour les médailles de bronze. Le mélange de cuivre, de zinc et d’étain qui a servi à leur fabrication semble accélérer le processus d’usure. Le fabricant semble avoir pris la mesure du problème assez rapidement puisque, dès le mois d’août, le comité d’organisation des Jeux a réagi à ce sujet, en proposant aux sportifs de signaler ces problèmes afin que les médailles soient « systématiquement remplacées par la Monnaie de Paris et gravées à l’identique ».

Un savoir-faire pourtant indéniable

Aujourd’hui, la Monnaie de Paris qui  a fabriqué les médailles a annoncé qu’elle remplacerait celles qui seraient défectueuses au début de cette année. Mise en cause aujourd’hui dans la fabrication des médailles olympiques, l’entreprise jouit pourtant d’un savoir-faire exceptionnel. Lors des Jeux, elle a rappelé qu’elle dispose d’un héritage qui date des Jeux d’Athènes 1896 et des Jeux de Paris 1900. À l’époque, les médailles d’Athènes étaient en argent pour les vainqueurs et en bronze pour les autres. À Paris 1900, pas de médailles, mais seulement des coupes ou autres objets hétéroclites offerts aux vainqueurs. La tradition des médailles or, argent et bronze date seulement des Jeux de Saint-Louis 1904.

En revanche, par la suite, la Monnaie de Paris a produit les médailles des Jeux de Paris 1924, Grenoble 1968 et Albertville 1992. Tous les récipiendaires n’ont jamais signalé le moindre problème.

D’où vient le problème alors ?

En marge de l’alliage ayant servi à la fabrication des médailles de Paris, il est à noter l’intégration en leur cœur d’un « morceau de tour Eiffel ». Une intégration dont le PDG de l’entreprise, Marc Schwartz, était plutôt fier cet été : « Notre expertise séculaire nous permet de relever les défis techniques les plus audacieux, comme l’intégration de morceaux de la tour Eiffel dans les médailles ».

Et si le problème venait de là. Schwartz l’admettait déjà à l’époque « Ces morceaux n’étaient pas conçus pour être intégrés dans des médailles en or, argent ou bronze. Nous avons dû sélectionner les meilleurs, les retraiter, puis les insérer avec précision dans les médailles ». Le responsable du site de production l’admettait à l’époque, la fabrication des médailles des Jeux de Paris 2024 a demandé une très longue préparation. Il fallait 4 à 5 semaines pour en venir à bout au terme de 40 opérations successives. On parle de la découpe du flanc, puis de la préparation du métal, de la frappe, de la gravure, du polissage, de l’insertion du fragment de la tour Eiffel et de l’enrubannage final.

Le tout est multiplié par 5000 pour les Jeux olympiques et paralympiques, auxquelles s’ajoutent 84 médailles de réserve, au cas où !

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