La sport cubain durement affecté par crise
La photo du podium du triple saut à Paris 2024 en est la parfaite illustration. L’Espagnol Jordan Díaz s’impose devant le Portugais Pablo Pichardo et l’Italien Andy Díaz. Tous, sont des cubains en exil et sont nés à peu de distance l’un de l’autre. Ces médailles d’or, d’argent et de bronze s’ajouteraient aux neuf médailles remportées par le pays des caraïbes à l’issue des Jeux.
Ils reflètent vraiment le poids de ce pays dans la construction des champions et la pertinence sportive du pays confronté à la pire crise économique de son histoire.
La crise économique fait fuir le pays
De nombreux athlètes fuient Cuba pour représenter généralement des nations européennes aux Jeux. Ces trois sportifs ne sont pas des cas isolés. Les autorités sportives de Cuba le déplorent, ce sont huit sportifs au total qui ont également été médaillés à Paris et qui sont originaires de Cuba. Il auraient permis au pays de remporter 8 médailles de plus et ainsi gagner dix places au tableau des médailles.
Un classement qui revaloriserait les efforts faits par la nation caribéenne pour inciter la jeunesse du pays à pratiquer une activité physique.
« L’émigration fait beaucoup de mal au sport cubain et de nombreuses médailles sont perdues », a déclaré à l’AFP Enrique Steyners, l’un des trois entraîneurs de l’île qui travaillent avec l’équipe de boxe d’Ouzbékistan, qui a remporté cinq médailles d’or à Paris.
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Jadis, les sportifs cubains profitaient de stages ou de compétitions à l’étranger pour fuir un régime qui ne leur permettait pas de vivre de leur sport comme ailleurs. Le professionnalisme était banni par le régime cubain afin de disposer des meilleurs atouts aux Jeux et ainsi disposer d’une tribune internationale. Aujourd’hui, les sportifs cubains fuient leur île pour manger tout simplement.
Confrontée à sa pire crise économique, avec une inflation galopante, des coupures de courant et des pénuries de nourriture et de médicaments, Cuba était représentée aux Jeux olympiques par 61 athlètes dans 16 sports. Mais 21 de ses émigrés, représentaient 13 pays dans une douzaine de disciplines. Malgré son statut de leader historique de l’Amérique latine aux Jeux olympiques, avec 86 titres, la situation du pays est actuellement sombre.
Une immigration sportive de masse
C’est ainsi que la Chine a remporté trois médailles d’or et deux d’argent en boxe à Paris avec un entraîneur cubain : Raúl Fernández. Une cinquantaine d’entraîneurs cubains, dont 19 entraîneurs de boxe (la discipline reine de la nation), ont représenté une trentaine de pays, remportant plus de 20 médailles, dont 11 d’or. Outre les cinq couronnes de Steyners avec l’Ouzbékistan et les trois de Fernández avec la Chine, parmi ces titres figurent celui de la controversée boxeuse algérienne, Imane Khelif, championne des 66 kg, dont l’entraîneur est le Cubain Pedro Luis Díaz.
Selon les chiffres officiels, 187 athlètes de haut niveau ont migré de 2022 à la fin de l’année dernière, parmi eux plus d’une douzaine de boxeurs, dont le champion olympique de Tokyo 2020 Andy Cruz et le champion du monde Yoenlis Feliciano Hernandez.
Il y a seulement trois ans, la délégation cubaine à Tokyo 2020 avait remporté 15 médailles, dont sept d’or, et avait terminé 14e. « Nous sommes une puissance historique, mais nous sommes sur le déclin, et je pense que cela se voit dans les résultats », a déclaré à l’AFP Yaseen Pérez, l’entraîneur cubain de la Dominicaine Marileidy Paulino, championne olympique du 400 m.
Mijain Lopez comme seule figure nationale
L’exode des athlètes et des entraîneurs provoqué par la grave crise économique a également alimenté une rivalité croissante entre les athlètes de l’île et ceux qui ont choisi de partir.
Du coup l’île caribéenne ne peut que s’enorgueillir que de n’avoir plus qu’un seul grand champion. La légende de la lutte gréco-romaine Mijaín López qui disputait ses derniers Jeux a battu son compatriote Yasmani Acosta, qui défendait les couleurs du Chili.
Les entraîneurs cubains en exil tirent la sonnette d’alarme. Ainsi Steyners estime que le phénomène de la migration sportive doit donner lieu à « une analyse en profondeur » de la part des autorités sportives du pays. Yassen Perez estime lui que « la perte de talents à elle seule » ne peut pas être la cause des mauvais résultats et appelle à un « changement de vision » pour rétablir les performances passées.
* En partie traduit de l’anglais avec Inside the Games