La boxe française au cœur du scandale ?
La Fédération française de boxe (FFB) est dans la tourmente et se défend comme elle peut. Elle vient très officiellement de dénoncer les conclusions d’un rapport préliminaire indépendant de l’avocat canadien Richard McLaren sur des allégations de corruption dans la boxe aux Jeux olympiques de Rio 2016.
Richard McLaren (photo) est celui qui avait préalablement dénoncé le scandale du dopage d’état russe pendant la période de 2011 à 2015. C’est également lui qui a mené l’enquête sur la corruption au sein de la Fédération internationale d’haltérophilie qui a conduit à l’éviction de son président, le Hongrois Tamas Ajan.
C’est dire s’il bénéficie d’une certaine crédibilité dans les sphères olympiques.
Dans son rapport de 149 pages, Richard McLaren détaille la corruption au sein de la Fédération internationale de boxe (AIBA) de l’époque, concluant que 10 matchs suspects faisaient probablement partie d’un plan de « manipulation » lors des Jeux de Rio 2016.
Plusieurs pots-de-vin pouvant aller jusqu’à 250.000 dollars auraient été offerts à des arbitres pour régler le résultat de plusieurs rencontres. L’une d’elles concerne la demi-finale des poids légers entre le Mongol Otgondalai Dorjnyambuu et le Français Sofiane Oumiha.
Le rapport détaille plusieurs autres combats manipulés. Deux hauts responsables de la boxe à cette époque sont clairement identifiés pour avoir laissé la corruption incontrôlée. Il s’agit de l’ancien président de l’AIBA, le Coréen Ching-Kuo Wu et son directeur général, le Français Karim Bouzidi.
McLaren déclare également que les arbitres et les juges « conformes et complices » ont agi dans « une culture de peur, d’intimidation et d’obéissance » créée par l’AIBA. Dans le document il est également indiqué que le Français Tony Yoka aurait bénéficier des largesses des arbitres pour remporter sa médaille d’or.
La FFB se défend
On attendait depuis plusieurs jours la réaction de la Fédération Française de boxe. Elle a finit par arriver !
Selon la FFB et son président Dominique Nato, il n’y aurait aucune « preuve tangible et factuelle » de ce que le rapport suggère. Toujours selon le président de la FFB « Le processus est des plus choquants au vu de la gravité et du préjudice que ces affirmations causent aux athlètes concernés ainsi qu’à la Fédération française de boxe ».
Dominique Nato poursuit : « Nous attendons les preuves qui soutiendraient de telles affirmations, qui ne sont, pour le moment, que des hypothèses. Après avoir analysé toutes les combats des Français, on peut voir que certains étaient à la fois très équilibrés et donc forcément indécis mais qu’aucune anomalie n’est à noter ». Et le dirigeant d’ajouter : « La preuve en est qu’aucun de leurs adversaires vaincus n’a, à l’époque, officiellement contesté les décisions ni porté plainte devant les autorités compétentes. »
L’AIBA vient d’engager une « opération main propre »
La Fédération internationale de Boxe (AIBA) a été suspendue et privée du droit d’organiser des compétitions de boxe aux Jeux olympiques de Tokyo 2020 après que le CIO ait constaté qu’un examen de la gouvernance, de la gestion, de l’arbitrage de cette fédération n’était pas conforme aux règles du sport international.
L’AIBA a élu un nouveau président en décembre 2020, le Russe Umar Kremlev (photo). Ce dernier a bien entendu les recommandations du CIO. Il entend poser les bases d’une gouvernance plus démocratique, mais aussi d’une volonté de transparence et d’éthique au sein de l’AIBA afin de recouvrer toutes les prérogatives de cette fédération d’ici les Jeux de Paris 2024.
C’est lui qui est à l’origine de l’enquête de McLaren et il est très probable qu’il n’a pas décidé du projet sans preuve concrète de la corruption au sein de l’organisme qu’il dirige. Avec le rapport qui vient de lui être remis, il va désormais pourvoir prendre toutes les décisions qui s’imposent.