Crise au CNOSF : coups pour coups
La crise interne que traverse le Comité national olympique français (CNOSF) n’en finit plus. Avant l’assemblée générale aujourd’hui, les coups pleuvent entre l’actuelle présidente, Brigitte Henriques et son prédécesseur, Denis Massiglia. Si la position de la présidente semble fragilisée, elle n’a pas encore été mise hors-jeu.
A un peu plus d’un an des Jeux de Paris 2024, la crise que traverse le CNOSF est du plus mauvais effet. Voilà une instance qui devrait être en ordre de bataille avant l’échéance de juillet prochain et qui au contraire ne cesse de se déchirer sur la place publique.
Aujourd’hui se tient le conseil d’administration de l’institution nationale olympique. Or, au lieu de chercher l’apaisement, les deux camps s’affrontent violemment. Il y a les pro et les anti-Henriques. Depuis l‘éviction du secrétaire général Didier Seminet, en septembre 2022, l’atmosphère ne cesse de se dégrader.
Pire que tout, ce sont ceux qui ont porté Brigitte Henriques à la présidence, son prédécesseur en tête, Denis Masseglia (photo), qui demandent aujourd’hui sa tête.
Il n’est pas le seul, plusieurs membres de l’organisation souhaitent aujourd’hui, un vote de confiance lors de l’assemblée générale.
Et ce vote de confiance, ils l’auront même si les statuts ne le prévoient pas. La présidente est décidée à mettre en jeu son mandat quitte à en assumer les conséquences si le vote lui est défavorable comme le rapporte ce matin, le journal l’Équipe.
La hache de guerre déterrée
Après l’épisode de la démission forcée de Didier Séminet, l’arrêt maladie longue durée de Brigitte Henriques et son retour aux affaires, on pensait l’affaire classée. Or, son prédécesseur Denis Masseglia vient de provoquer l’escalade en appelant à la démission de Brigitte Henriques et surtout en portant plainte contre elle auprès du parquet national financier pour abus de biens sociaux.
La contre-offensive de Brigitte Henriques ne s’est pas fait attendre. Ainsi le journal Le Monde révèle que Masseglia lui aurait demandé « de camoufler la moitié de ses frais comme ‘ambassadeur’ du CNOSF pour « ne pas susciter l’attention de la Cour des comptes ». Masseglia aurait en effet dépensé 30.000 euros en frais de représentation à l’occasion des Jeux de Tokyo 2020 et Pékin 2022.
Il comptait prendre la moitié des frais à sa charge et espérait que le CNOSF paierait l’autre moitié. Peine perdue, Brigitte Henriques a refusé.
On le voit, la présidente du CNOSF n’entend pas s’en laisser compter et tente de parer les coups qui lui sont portés. « La cabale continue », a t-elle déclaré. « Depuis 20 ans au plus haut niveau de la gouvernance, non seulement je n’ai jamais été interrogée sur ces sujets, mais j’ai même souvent été citée en exemple pour ma loyauté, ma fidélité et ma droiture ».
Tractations en coulisse
Brigitte Henriques n’est pas dupe, elle sait que son avenir à la tête du CNOSF se joue dans les prochaines heures et qu’en coulisses, les tractations ont commencé.
Il se murmurait que l’ancien handballeur international Olivier Girault, président du sport scolaire avait été sollicité « au cas où ». Girault a déjà fait savoir qu’il n’est pas intéressé dans le contexte du moment.
Lui-même indique que David Lappartient, président du l’UCI et membre du CIO serait un candidat plus indiqué. L’ennui, c’est qu’en plus de ces deux fonctions, David Lappartient préside également la commission sur les sports électroniques au sein du CIO et la présidence du département du Morbihan.
Quatre casquettes importantes, il n’est pas certain que celle de président du CNOSF ne soit pas celle de trop !
Il y a quelques mois, l’ancien président de la Fédération française d’Équitation et champion olympique, Pierre Durand disait avoir été sollicité pour lui aussi apparaître comme un recours.
Épilogue : la démission
En ouverture de l’assemblée générale du CNOSF (Comité national olympique et sportif français) ce jeudi 25 mai, « Brigitte Henriques a annoncé sa décision de rendre son mandat de présidente », annonce l’institution dans un communiqué.
Les conflits et rivalités internes ont ainsi eu raison de l’ancienne vice-présidente de la Fédération française de football (FFF), en guerre ouverte depuis des mois avec son prédécesseur Denis Masseglia.
La secrétaire générale, Astrid Guyot assurera l’intérim et devra organiser une nouvelle élection d’ici 3 mois.
Le CIO prend acte de la démission de Brigitte Henriques et lui rend hommage. Il « en appelle à la responsabilité de chacun pour que les conflits internes qui ont affecté le CNOSF ces derniers mois cessent et que l’ensemble du Mouvement olympique et sportif français se concentre pleinement sur la réussite des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 et des athlètes. »
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