Le plus français des Américains
A l’âge de 18 ans, Albert Corey (1878 – 1926), fils d’un propriétaire viticole de Meursault intégrè l’armée française pour servir dans un bataillon des chasseurs à pied. Mais sans doute mal à l’aise sous l’uniforme, il déserte et fuit aux États-Unis.
D’abord cuisinier, il se fait embaucher comme briseur de grève aux abattoirs de Chicago. C’est à dire qu’il travaille à la place des grévistes. Dans le même temps, Corey intègre le Club athlétique de Chicago où il se révèle un très bon coureur à pied. Il pratiquait déjà l’athlétisme en France et avait terminé deuxième du marathon de Paris en 1902.
L’année suivant son arrivée aux États-Unis, il participe aux Jeux de Saint Louis 1904 où il aurait dû être considéré comme le seul représentant français. D’ailleurs, ces 3ème Jeux olympiques ne rassemblaient pratiquement que des athlètes américains.
Américain pour l’occasion
Il semble toutefois qu’il choisit de courir sous les couleurs américaines, son maillot en atteste (photo).
Corey participe au marathon et se classe deuxième de l’épreuve derrière Thomas Hicks, un athlète dopé à la strychnine. Authentiquement américain, Hicks ne sera pas déclassé au profit du franco-américain Corey. Puis Corey remporte une deuxième médaille d’argent par équipe avec le club de Chicago.
Curieusement, alors qu’il est toujours français n’ayant pas vécu cinq années consécutives aux États-Unis, le CIO attribue sa médaille individuelle aux États-Unis, alors que la deuxième médaille, celle en équipe, est attribuée à une équipe mixte en raison de la composition franco-américaine du collectif.
Corey reconnu par son pays d’origine
Il faudra attendre 116 ans pour que sa véritable identité soit rétablie par le Centre d’études olympiques. En mai 2021, à la suite d’un ouvrage portant sur Albert Corey, le CIO reconnaît la médaille de l’athlète au Marathon olympique 1904 comme française.
Quant à Corey, après les Jeux de Saint Louis, il est resté vivre aux États-Unis avant de rentrer en France juste au moment du premier conflit mondial. Il participera à la guerre comme fourrier avec le grade de sergent. Il sera décoré de la Croix de guerre.
Puis Albert Corey deviendra comptable, se mariera dès la fin de la guerre avant de mourir à Paris en 1926 de la tuberculose dans un hôpital parisien.