Les festivals sacrifiés au profit de Paris 2024 ?

La ministre française de la Culture, Rima Abdul-Malak vient de convoquer un sommet d’urgence. Elle craint que les festivals et les événements culturels de l’été 2024 ne soient annulés, voire sacrifiés en raison de leur proximité avec les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.

 

La sécurité est un thème clé dans la préparation de Paris 2024 après les scènes chaotiques qui ont gâché la tenue à Paris de la finale de l’UEFA Champions League cette année.

 

C’est le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin (photo) qui a allumé le feu. Il laisse entendre auprès de l’opinion et la presse, une possible annulation des événements culturels durant les trois mois de l’été 2024, afin de sécuriser les Jeux Olympiques.

 

Sur France Info le ministre de l’intérieur n’en fait pas mystère : « L’important… c’est aussi l’annulation ou le report de tous les événements en France qui nécessitent des unités de force mobiles, qui nécessitent une présence très forte en termes d’effectifs de police ».

 

D’ores et déjà, Darmanin a déclaré qu’il « annulera les congés » des policiers et des gendarmes pour disposer du plus de personnels possible. Le ministre déclare qu’environ 45.000 policiers et gendarmes seront nécessaires pour chaque jour des Jeux olympiques afin d’atténuer les inquiétudes concernant la sécurité.

Il a tenu ses propos au sénat à la suite d’une enquête publique qui a révélé que 58% des personnes interrogées ne font pas confiance au gouvernement pour assurer la sécurité de l’événement.

 

Ainsi donc la France n’aurait pas les moyens de son ambition : assurer la sécurité des Jeux et celle des multiples événements culturels à travers le pays.

Le monde de la culture en ébullition

La réunion proposée par Rima Abdul-Malak (photo) hier devait rassembler les dirigeants des plus grands festivals français et des syndicats qui les représentent.

Elle admet que les solutions concernant la tenue de festivals pendant la période des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 seront déterminées « au cas par cas », mais a concédé que certains pourraient devoir être annulés si aucun résultat n’est trouvé.

 

Les représentants des employeurs du spectacle vivant sont donc vent debout. « C’est de la stupeur et de l’incompréhension, il n’y a pas eu de concertation pour évoquer cette coactivité des JO et des festivals et c’est une annonce lapidaire et brutale, sans périmètre de temps ni de géographie », a déclaré Jérôme Tréhorel, directeur du Festival de la Vieille Charrue en Bretagne.

 

D’ailleurs, il n’y a pas que les spectacles culturels qui seraient visés. D’autres spectacles sportifs ou familiaux le seraient aussi comme le Tour de France cycliste dont l’arrivée aurait lieu à Nice (?) ou la Braderie de Lille.

 

Pour Paul Rondin, le représentant des festivals, le ciel vient de leur tomber sur la tête : « Nous dialoguons depuis des mois avec Tony Estanguet… dans un esprit constructif d’articulation de nos manifestations. Pour les acteurs culturels, il était clair, et tout à fait compréhensible, que ces trois semaines au cœur de l’été ne permettraient pas d’organiser d’autres grands événements. Nous adapterions nos calendriers en conséquence. Mais voilà que le ministre parle d’interdire une période allant du 15 juin au 15 septembre !

Une réponse disproportionnée

Les acteurs du monde de la culture soulignent que la proposition de Darmanin est disproportionnée au nom du principe de précaution. Ce ne sont pas les policiers qui contrôlent les accès aux festivals. Les organisateurs de manifestations ont un savoir-faire reconnu en matière de gestion de la sécurité. Ils font appel à des sociétés privées (photo) qui savent protéger les lieux de manifestation.

 

Or, la sécurité des Jeux olympiques passera nécessairement par le besoin en sécurité privée. Toutefois, on peut s’étonner que l’ensemble des moyens disponibles habituellement dans toute la France soit concentrée sur les quelques hectares parisiens qui accueilleront les Jeux.

 

Reste qu’après une année 2020 sans festivals compte tenu de la pandémie et une année 2021 en pointillé, les festivals avaient retrouvés de la vigueur en 2022 avec moins de 10% de fréquentation par rapport à 2019. Les retombées économiques ont été chiffrées à 2,5 milliards d’euros. En marge de l’emploi pour les acteurs du spectacle, il y a également les chiffres d’affaires pour l’hôtellerie, la restauration et les commerces des communes.

 

Bref, si dans deux ans, l’ensemble des festivals devaient être différés, reportés ou annulés, on peut penser que le monde du spectacle en serait terriblement affecté et sans doute plus encore l’ensemble des spectateurs de ces manifestations. Ils ne trouveraient pas nécessairement de compensation dans les Jeux olympiques.

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