Une dernière ligne droite semée d’embûches

À maintenant moins d’un mois de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, les autorités françaises finalisent les modalités d’organisation d’un événement qui verra les yeux du monde entier rivés sur Paris. De nombreux défis demeurent dans une France perturbée par des élections anticipées.

 

Depuis que Paris souhaite organiser les Jeux olympiques de Paris 2024, il est systématiquement fait référence aux Jeux de Paris 1924 pour souligner que depuis 100 ans, la France n’a pas organisé les Jeux et de surcroît, qu’organiser les Jeux n’arrive qu’une fois par siècle.

 

Pourtant, les 33e Jeux modernes, que s’apprêtent à accueillir la capitale n’ont rien à voir avec la manifestation organisée il y a 100 ans. Le nombre d’athlètes était moindre (3089 contre 10 500 aujourd’hui), les sports étaient divisés par deux (17 contre 32 aujourd’hui) et surtout, les touristes et les supporters n’arrivaient pas par millions. De plus, la télévision n’existait pas, les médias sociaux encore moins prêts à jeter de l’huile sur le feu.

Bref, ce qui était encore comme un aimable divertissement qui concernait quelques milliers de personnes et devenu un événement majeur qui touche plusieurs milliards d’individus sur la planète.

Des législatives qui compliquent tout

Comme pour tout événement majeur, malgré les efforts déployés pour faire preuve d’organisation et de supériorité, les défis de dernière minute doivent être relevés. Bien que le comité d’organisation de Paris 2024 ne dépend pas de l’organisation de l’état, il travaille en étroite collaboration avec les autorités centrales, régionales et locales. Les élections anticipées convoquées par le président français à la suite des mauvais résultats des élections européennes n’arrangent pas la situation ; au contraire, elles compliquent tout.

 

« Nous ne serons pas prêts », reconnaissait Anne Hidalgo, la maire de Paris, en novembre dernier, dans le secteur des transports en commun. Malgré plusieurs campagnes de recrutement massives et négociations sociales, les autorités organisatrices des transports publics sont parvenus à une « amélioration significative » insiste Jimmy Brun, le porte-parole de la RATP, la société qui gère le réseau des transports publics parisiens. Cette situation a un coût, le prix du billet de métro a été multiplié par deux.

40 000 agents seront mobilisés pour faire circuler en moyenne 500 000 spectateurs et 200 000 accrédités tous les jours en plus des millions de passagers réguliers.

L’IDFM, qui coordonne le réseau des transports publics franciliens, a élaboré 125 scénarios « plan B » en cas de pannes, de modifications d’horaires ou de fermeture des navettes en raison d’accidents par exemple.

Seul scénario inconnu, le risque de manifestations à l’issue des élections législatives.

La Seine fait une scène

La Seine est l’un des attraits et des fortes inquiétudes qui concernent les Jeux. Il faut non seulement canaliser son dépit (aujourd’hui trop élevé) avant la cérémonie d’ouverture et surtout la rendre praticable et dépolluée  pour le triathlon (30-31 juillet, 5 août), la nage en eaux libres (8-9 août) et le para-triathlon (1er et 2 septembre). Les répétitions de la cérémonie d’ouverture ont déjà été repoussées à quatre reprises.

 

On le voit,  à un mois de l’ouverture, les choses ne se passent pas comme prévu. Une seule journée a répondu aux normes de qualité. Les organisateurs et les autorités n’ont pas de plan alternatif au cas où les conditions ne s’amélioreraient pas avant les dates de compétition.

Le « climat pluvieux » a provoqué « un fort débit de la rivière, ce qui a affecté la qualité de l’eau », expliquent les autorités locales. Elles hésitent à admettre que malgré les dépenses de 1,4 milliard d’euros pour assainir la rivière, s’il pleut, la pollution augmente (notamment des matières fécales déversées dans la Seine), les Jeux pourraient ne pas se dérouler comme prévu.

 

Ce qui était censé être une grande réussite (le nettoyage de la rivière) et son héritage risque désormais de devenir le plus grand échec des Jeux. Les organisateurs sont à la merci de la nature et, malgré les démentis actuels, les fortes pluies pourraient anéantir tous les plans.

Changement climatique et climatisation

Les organisateurs des JO de Paris 2024 ont annoncé des « engagements climatiques sans précédent » et visent à réduire de moitié les émissions par rapport aux éditions précédentes. Leur plan pour réduire l’empreinte carbone comprend l’utilisation de 95 % des infrastructures existantes ou temporaires et précise que les transports représenteront un tiers des émissions totales.

 

C’est un point positif, sans doute moins significatif qu’annoncé, mais qui constitue tout de même une amélioration notable par rapport aux Jeux précédents. Cependant, des inquiétudes subsistent quant aux besoins en climatisation des athlètes, qui peuvent apporter leurs propres unités portables. Les Américains, les premiers, sont insatisfaits du système de refroidissement naturel.

Une sécurité toujours en question

Les changements politiques à venir risquent de perturber l’organisation des Jeux et en particulier les questions de sécurité. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin qui a jusqu’à présent assumé ce risque, entend démissionner si le parti d’Emmanuel Macron ne remporte pas les législatives.

 

A une trentaine de jours des Jeux, ce sont donc les préfets de la région Île-de-France et le préfet à la sécurité qui vont devoir assumer cette responsabilité. 45 000 policiers et gendarmes et 18 000 militaires seront mobilisés en plus des 18 000 à 22 000 agents de sécurité privés nécessaires.

Il y aura également une coopération avec les pays de l’Union européenne, qui enverront des forces de sécurité et des chiens antiterroristes.

 

Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a indiqué qu’ils pourraient « assumer certaines responsabilités » lors de la cérémonie d’ouverture pour assurer « le plus haut niveau de sécurité ».

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