Les États-Unis, mauvais payeur de l’antidopage
La Russie d’un côté, mais surtout les États-Unis de l’autre n’ont toujours pas payé leur contribution à l’Agence mondiale antidopage (AMA). Si la Russie va rapidement se mettre en conformité, il semble que les Américains soient moins pressés. Ils entendent même relancer leur bataille avec l’institution basée à Montréal.
Depuis plusieurs mois, les États-Unis sont en conflit avec l’Agence mondiale antidopage. Les Américains n’ont pas digéré l’épisode concernant les 23 nageurs chinois amnistiés par l’AMA, considérant qu’ils avaient été contaminés à leur insu. Deux enquêtes ont démontré que l’AMA avait fait son travail en toute indépendance. Quelques mois plus tard, c’est l’AMA qui a tancé les États-Unis, considérant que sa politique antidopage n’était pas conforme au code mondial. Les Américains absoudraient des athlètes contrôlés « positifs » en échange de leur témoignage pour démanteler une filière d’approvisionnement.
Aujourd’hui, on apprend que le Bureau américain de la politique nationale de contrôle des drogues (ONDCP) a suspendu le versement des 3,6 millions de dollars dus à l’AMA au titre de 2024. C’est ennuyeux dès lors qu’on sait que les États-Unis sont de très loin le premier pays contributeur au budget du gendarme mondial de l’antidopage. Le budget de l’AMA est de 53 millions de dollars pour 2024, financé pour moitié par les gouvernements du monde entier et pour moitié par le Comité international olympique (CIO).
Pourquoi les États-Unis se distinguent-ils ainsi
Selon l’agence américaine antidopage (USADA) et en particulier son président Travis Tygart (photo), l’AMA n’aurait pas vraiment fait toute la lumière dans l’affaire du dopage chinois.
Il aurait souhaité « un audit indépendant » de ses opérations. En d’autres termes, les experts qui se sont penchés sur le problème n’étaient pas « indépendants » du CIO, le véritable patron de la lutte antidopage.
L’élection de Donald Trump à la présidence américaine risque de compliquer plus encore les choses vis-à-vis de l’institution basée à Montréal. Trump est en effet celui qui a signé lors de son premier mandat le « Rodchenkov Act« , une loi qui autorise les États-Unis à investiguer sur l’utilisation de drogue dans le sport partout dans le monde lors de compétitions où les États-Unis ont des intérêts (athlètes, télévisions, sponsors).
Cette loi, bien que très controversée, est toujours en vigueur au moment où va débuter le deuxième mandat de Trump. On assiste plus encore que jamais à l’instrumentalisation politique du sport.
Pour l’heure, le Comité international olympique estime qu’il « s’agit d’un sujet entre l’AMA et les autorités publiques ». De même, l’Association représentant les fédérations olympiques d’été (ASOIF) et son homologue hivernale (WOF) n’a pas réagi. Rappelons cependant que le CIO a mis une pression inédite sur les États-Unis en les menaçant de perdre les Jeux de Salt Lake City 2034 « au cas où l’autorité suprême de l’AMA [ne serait] pas pleinement respectée ». Menace qui inquiète les autorités de l’Utah, le principal partenaire de l’hôte olympique.