Cela devait être la journée qui rassure, c’est désormais celle qui remet tout en cause. Samedi, alors que sur place on procédait au déplacement de la barge pour une phase de test qui doit permettre la construction de la Tour des juges, l’embarcation a frôlé les coraux et cassé plusieurs d’entre eux. La relocalisation des épreuves en métropole pourrait se dessiner à Lacanau ou la Torche.

Ce que craignaient les écologistes a fini par arriver. Alors que sur place les responsables du chantier testaient le passage de la barge qui doit se rendre au large pour l’installation de la tour des juges, l’embarcation a cassé plusieurs coraux (photo).

Immédiatement, le président polynésien Moetai Brotherson a suspendu les travaux. Dès dimanche matin, il s’est rendu à Teahupo’o pour prendre le pouls et écouter les surfeurs de l’association Vai Ara o Teahupoo et les sympathisants opposés à l’implantation de la tour des juges.
Le moins qu’on puisse dire c’est que cet incident remet sérieusement en cause la pérennité de l’événement.

Lorenzo Avvenenti un des représentants du groupe de surfeur Vai Ara o Teahupo’o le dit sans ambage  » J’attends que Paris 2024 ouvre les yeux, que l’État ouvre les yeux, que le Gouvernement ouvre les yeux. On ne fait pas ça pour le buzz, on fait ça pour nos ressources. Si on ne le fait pas, qu’est-ce que ça va être dans 50 ans ? « 

Et maintenant ?

L’association est choquée par l’événement. Ceux qui y ont assisté disent avoir entendu le craquement des coraux se briser sous la barge et les hélices des moteurs. Les images ont choqué la toile. La polémique fait déjà le tour des médias nationaux.

Pour le moment, les travaux concernant la tour sont à l’arrêt à Teahupo’o. Contacté par nos confrères de France info, Paris 2024 confirme que le projet de la tour « réduite en taille et en poids » était toujours d’actualité. Tony Estanguet, le président de Paris 2024 devait se rendre sur place dans les prochains jours, mais finalement le voyage est annulé et reporté à une date ultérieure.

Une chose est sûre, les autorités polynésiennes continuent de remettre en cause le déroulement des épreuves de surf sur le spot de Teahupo’o. Du coup, la question de rapatrier la compétition en France métropolitaine se fait de plus en plus insistante. Reste à savoir si c’est encore envisageable.

D’ores et déjà la Fédération internationale de surf met la pression. Elle soutient les écologistes locaux et la décision qui vient d’être prise de stopper les travaux. « L’ISA se félicite de cette décision et a exhorté à intensifier les consultations pour examiner toutes les options disponibles. Et de poursuivre : « En tant que surfeurs depuis toujours, nous sommes passionnés par la nécessité de protéger les océans, pour nous et pour les générations futures ».

Immédiatement, les communes de Lacanau en Gironde et la Torche dans le Finistère (photo) sollicitées par l’AFP ont fait savoir qu’elles étaient toujours partantes pour cette aventure et qu’elles pouvaient constituer un plan B.

« On a continué à travailler tranquillement et aujourd’hui si on fait appel à nous, on sera bien sûr heureux d’accueillir les épreuves de surf des JO« , a déclaré auprès de l’AFP Laurent Peyrondet, le maire de la commune de Lacanau (Gironde).

Même avis à la Torche « Pour l’instant, on ne nous a pas sollicités mais on a l’habitude de recevoir des compétitions et d’installer des infrastructures temporaires…On a des vagues moyennes en été mais surfables par tout le monde » indique Stéphane Le Doaré, maire de Pont-L’Abbé dans le Pays Bigouden en charge du site de La Torche.

Fin d’une belle idée ?

Le surf à Tahiti pour les Jeux 2024, l’idée paraissait très alléchante au départ, mais il semble que les choses se compliquent. A l’origine, elle conjuguait plusieurs aspirations : celui d’associer les territoires d’outre-mer aux Jeux de Paris et celui de disposer d’une vague mythique, l’une des plus belle au monde.

Il y avait de quoi offrir à la fois des images magnifiques aux téléspectateurs des Jeux et donner un coup de projecteur sur Tahiti et ses charmes.