CYBER-INTIMITATION et CYBER-ABUS / Maux du sport

Signe des temps, lors des Jeux de Tokyo 2020, le Comité olympique japonais (JOC) a mis en place des médiateurs pour protéger les participants japonais contre les abus potentiels des réseaux sociaux. Cette équipe spéciale est chargée de surveiller les comptes de médias en ligne des athlètes pour les protéger de tout commentaire haineux potentiel.
Les Japonais prennent cette initiative après le suicide d’une lutteuse professionnelle, Hana Kimura. Elle a été victime de cyber-intimidation lors de sa participation à une émission de télé-réalité.
La publication de messages hostiles et diffamatoires ciblant un individu sur les réseaux sociaux est devenue un problème social majeur. C’est vrai partout dans le monde.
Juste avant les Jeux de Tokyo 2020, la star de la natation japonaise Rikako Ikee s‘est qualifiée pour les Jeux olympiques après avoir combattu la leucémie. Elle a révélé qu’elle avait reçu des messages sur ses comptes de réseaux sociaux lui disant de se retirer des Jeux en des termes peu choisis.
World athletics s’empare du sujet
Sur le plan institutionnel, World Athletics en priorité, s’est intéressée à la question. La Fédération internationale a conduit une enquête au cours du deuxième trimestre 2021. Cette étude a pour but d’identifier et traiter les messages ciblés et abusifs envoyés aux athlètes via les réseaux sociaux. Le moins que l’on puisse dire c’est que le résultat est édifiant.
L’enquête révèle des niveaux inquiétants de messages sexistes, racistes, transphobes et homophobes, ainsi que des accusations de dopage infondées. Il met également en évidence sans équivoque des niveaux plus élevés d’abus chez les athlètes féminines par rapport à leurs homologues masculins. Cette étude montre également que ces attaques concernent principalement les athlètes américains à près de 90% alors qu’ils ne représentent que le quart des athlètes mondiaux.
Ces abus en ligne peuvent causer un traumatisme pour la personne concernée et engendrer de la santé mentale. Ils peuvent avoir un impact considérable sur les performances des athlètes.
Le CIO créé un service spécialisé
Ce chapitre intéresse fortement le Comité international olympique (CIO) qui a fait du cyberharcèlement l’objet d’une priorité pour l’ensemble des athlètes. Au printemps 2023, il créé un département pour la pratique du sport en toute sécurité. Ce département doit surveiller autant les jeunes participants et les abus dont ils pourraient être victimes que les athlètes confirmés.
S’agissant des sportifs de haut niveau et la cyber-intimidation, le CIO a publié les premiers chiffres du service de protection contre les abus en ligne. Il s’agit d’un programme basé sur l’Intelligence artificielle (IA).
Dans son rapport préliminaire, il indique que les comptes de 10 400 sportifs et officiels ont été passés au crible pendant les Jeux de Paris 2024.
Selon les chiffres, 2,4 millions de messages ont été analysés, dans 35 langues et 152 000 messages potentiellement frauduleux ont été détectés. 10 200 ont été supprimés avant que les intéressés eux-mêmes puissent en prendre connaissance.
Le CIO précise dans son rapport que les athlètes féminines ont subi des attaques sexistes, voire des attaques de nature à être assimilées à des violences sexuelles. Néanmoins, ce sont les hommes à 70 % qui sont principalement victimes des abus en ligne. Ce résultat est inversement proportionnel à l’étude menée par World Athletics en novembre 2021.