L’affaire Mori : le film de la semaine

Le bateau tangue, mais il continue de voguer après les propos controversés sur les femmes prononcés par le président du Comité d’organisation des Jeux de Tokyo 2020. Des propos qui ont fait des vagues tout au long de la semaine.

 

On rappelle que mercredi dernier, lors d’une interview où on lui posait la question de savoir s’il comptait faire entrer davantage de femmes au sein du conseil d’administration de Tokyo 2020. Yoshiro Mori a déclaré que « les femmes parlaient trop pendant les réunions ». Il a même ajouté des propos indiquant que les femmes avaient « un fort sentiment de rivalité », ajoutant lorsqu’une femme lève la main pour parler, « tout le monde finit par dire… quelque chose. »

On précise que le JOC (le Comité d’organisation de Tokyo 2020) ne compte que cinq femmes dans son conseil exécutif de 24 membres.

Dès lors, l’ancien premier ministre a déclenché une campagne médiatique dont tout le monde se serait passé.

 

Ces propos ont surtout mis en exergue, le peu de place accordé aux femmes au sein des instances dirigeantes du Japon. Le pays est souvent critiqué pour son peu d’effort accordé à l’égalité des sexes. Il se classe 121ème sur 153 pays étudiés dans le rapport mondial 2020 sur l’écart entre les sexes au sein du Forum économique mondial.

De la simple vague au raz-de-marée ?

Ces propos ont déclenché une vague de colère dans tout le pays. En marge des actions symboliques de quelques personnels des ambassades basées à Tokyo, les commentaires ont suscité des critiques sur les réseaux sociaux. Un hashtag en japonais signifiant « Veuillez prendre votre retraite, Yoshiro Mori » devenant viral sur Twitter. Certains utilisateurs ont également déclaré que les commentaires étaient « dépassés » et « embarrassants » pour le pays.

 

 

Mardi, un groupe de femmes parlementaires japonaises, membres de l’opposition à la Chambre des représentants ont assisté à une session plénière vêtus de vestes blanches avec des roses blanches sur leurs revers, un hommage au mouvement de suffrage des femmes américaines du début du XXe siècle.

 

Plus de 140.000 personnes ont signé une pétition demandant que des mesures soient prises contre le président de Tokyo 2020.

 

Yuriko Koike, première femme gouverneur de Tokyo

L’attaque la plus virulente est venue rapidement de celle qui est la partenaire du Comité d’organisation, donc la plus concernée dans le cadre de l’organisation des Jeux, la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike.

 

Pour elle,  les commentaires étaient « inadmissibles ». « Nous sommes confrontés à une situation grave ». « Le CIO a déclaré que l’affaire était close, mais j’ai entendu dire que les bénévoles des Jeux ont démissionné et que des gens ont téléphoné pour protester, nous devons donc nous pencher sur cela », a-t-elle ajouté.

Toutefois, elle, comme le premier ministre japonais Yoshihide Suga, s’ils jugent les propos « inappropriés » ne demandent pas la tête de Mori. Néanmoins, Yuriko Koike s’est montré « très triste » de constater la démission de nombreux bénévoles et celle de personnes pressenties pour le relais de la flamme prochainement après les remarques sexistes de Mori.

 

Ils étaient officiellement 390 mardi dernier à se retirer de leur engagement.

Nouvelle gaffe lundi

Nouvelle gaffe dans la journée de lundi, cette fois, c’est le deuxième responsable du Parti libéral démocrate au pouvoir, Toshihiro Nikai,qui déclare que « si (les volontaires) veulent démissionner, nous en recruterons de nouveaux ».

 

C’est alors le président du Comité olympique Japonais (JOC) Yasuhiro Yamashita, l’ancien célèbre judoka qui s’est emporté « Je ne considère pas (leurs décisions) comme impulsives, et elles ne devraient pas être prises de cette façon. »

Les organisateurs des Jeux Olympiques de Tokyo ont envoyé dès dimanche des e-mails aux 80.000 volontaires recensés hier pour s’excuser et solliciter leur coopération continue à la suite des propos sexistes du président du comité d’organisation.

Mori voulait démissionner puis s’est ravisé

Vendredi, l’ancien premier ministre a fait des excuses publiques et déclaré qu’il ne démissionnerait pas. Il indique toutefois au terme de ses excuses publiques que sa famille l’a vilipendé pour ses propos. «Hier soir, ma femme m’a réprimandé en profondeur», a-t-il déclaré. 

 

En coulisses, on apprend dans le journal Mainichi Shimbun que Yoshiro Mori, avait l’intention de démissionner. Ce sont ces collègues qui lui ont demandé de ne pas le faire comme le directeur général de Tokyo 2020, Toshiro Muto. « Si vous démissionniez de la présidence, que deviendrait cette organisation de 5 000 personnes?  » aurait-il dit.

 

De fait, Mori n’a pas démissionné car avec son réseau d’influence, il maintient les Jeux olympiques à bout de bras. Il a aidé à surmonter les principaux obstacles dans la préparation des jeux, notamment le report d’un an en raison de la pandémie. Il a également construit «une relation à égalité avec le président du Comité international olympique Thomas Bach », selon une source gouvernementale.

Le CIO contraint à un deuxième communiqué

Siège du CIO à Lausanne

Le CIO était lui est pressé de fermer les yeux sur cette histoire à six mois de Jeux olympiques difficiles à bâtir compte tenu de la deuxième vague de coronavirus. C’est ainsi qu’avec le Comité international paralympique, ils ont publié jeudi dernier des commentaires indiquant que les excuses de Mori était de nature à clore l’affaire.

 

 

 

Toutefois devant l’avalanche de critiques, le Comité international olympique a dû faire une nouvelle déclaration mardi dans laquelle il explique que les remarques sexistes de Yoshiro Mori étaient « absolument inappropriées », en expliquant clairement sa position sur la question. Les commentaires sont « en contradiction avec les engagements du CIO et les réformes de son Agenda olympique 2020« , a déclaré le dernier communiqué du CIO. « En tant que leader du Mouvement olympique, nous nous engageons dans notre mission d’encourager et de soutenir la promotion des femmes dans le sport à tous les niveaux et dans toutes les structures, comme indiqué dans la Charte olympique », a déclaré le CIO.

 

Voilà pour l’heure où on en est mais l’affaire n’est pas terminée. Vendredi se profile une réunion à Tokyo de la Commission Exécutive du comité d’organisation des Jeux. Elle comprend une quarantaine de membres qui vont de nouveau discuter de la nature des propos de Mori et savoir s’il doit être sanctionné pour cela.

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