Bach plaide l’unité face aux menaces géopolitiques

Il fallait un lieu solennel pour évoquer la question des menaces qui pèsent sur le sport international, le président du CIO, Thomas Bach a choisi le Forum des Fédérations Internationales qui se tient à Lausanne. Il en appelle au besoin vital et urgent d’unité dans le monde du sport dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes.
Si le sens du discours de Thomas Bach prononcé devant les représentants des Fédérations internationales n’est pas nouveau, la dimension politique est cette fois clairement affichée.
Dans son appel prononcé au Musée Olympique où se déroule le Forum des Fédérations Internationales de sport, Bach a insisté sur la nécessité de rassemblement au moment où le mouvement olympique se trouve attaqué. « Les tensions géopolitiques actuelles sont extrêmement complexes. Dans de tels moments, le pouvoir unificateur du sport est plus important que jamais », a t-il dit avant de poursuivre « Notre rôle est clair : unir et non aggraver les divisions ».
A l’évidence, Thomas Bach est préoccupé par le danger croissant de séparation et de désunion dans le sport, estimant que celui-ci est miné « pour ne pas dire attaqué, par un gouvernement ou un autre ».
Sans les nommer, le président du CIO vise particulièrement la Russie qui entend mettre sur pied prochainement sa propre compétition internationale, les Jeux de « l’Amitié » à Kazan en février et mars prochain. « Certains veulent décider quels athlètes peuvent concourir dans quelles compétitions… d’autres encore veulent organiser leurs propres événements sportifs politiques. Ce dernier signifierait une prise de contrôle gouvernementale des sports internationaux. S’ils y parviennent, leur rôle et celui de l’organisation olympique deviendrait obsolète. »
Menace sur le sport international
Devant un parterre de présidents et représentants des fédérations internationales, Thomas Bach s’est fait plus précis. Pour lui, les Jeux de l’Amitié, également baptisé Jeux du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du sud) et les pays qui voudront bien s’y associer sont une menace pour le sport international. Les championnats du monde n’auraient plus court car les compétitions n’auraient lieu qu’entre blocs politiquement alignés. Il exhorte donc les Fédérations sportives à ne pas participer à ces Jeux : « Aucun d’entre nous ne devrait participer de quelque manière que ce soit à des événements sportifs motivés par des considérations politiques « .
Ces Jeux du Brics, voire ces Jeux de l’Amitié pourraient finalement prendre le nom de Jeux du Futur. Comme les Jeux olympiques avec Pierre de Coubertin, c’est un français Philippe Blanchard qui est à l’origine du concept de « Futurous Games ». Les dirigeants russes, exclus du mouvement olympique, profitent de l’aubaine pour foncer sur ce terrain.
Les Jeux du Futur mélangent les disciplines sportives traditionnelles et les sports électroniques, mais aussi la robotique, la réalité augmentée (AR) et virtuelle (VR), l’intelligence artificielle (AI). D’ailleurs à 100 jours de l’événement, Vladimir Poutine ne cache pas sa volonté d’en découdre : « L’idée même de réunir les sports classiques et les cyber-sports reflète l’image d’une Russie ouverte à tout ce qui est nouveau ».
Réaction russe et mise au point du CIO
Ajoutons que le Comité d’organisation des Jeux de l’Amitié a réagit au discours du président du CIO estimant que « L’objectif des Jeux de l’Amitié n’a jamais été d’entrer en conflit avec le CIO ni de créer une compétition contre le mouvement olympique. Les Jeux de l’Amitié ont été conçus comme un complément harmonieux au calendrier international existant, ce qui est particulièrement important pour les athlètes russes » (privés de compétitions internationales).
Ce à quoi, James MacLeod, directeur du département des relations avec les comités nationaux olympiques du CIO a précisé « Toute participation des CNO aux Jeux mondiaux de l’amitié irait non seulement à l’encontre de la recommandation de la commission exécutive du CIO du 25 février 2022 concernant les événements sportifs internationaux organisés en Russie, mais irait également à l’encontre de l’objectif collectif du Mouvement olympique de préserver l’indépendance et l’autonomie des pays ».