Le grand oublié du football allemand

Gottfried Fuchs (1889 – 1972) a été le héros du tournoi olympique de football des Jeux de Stockholm 1912 en marquant dix buts lors du match contre l’équipe de Russie. Un match qui s’est achevé sur le score de 16 à 0 pour la Mannschaft.
Il est donc resté meilleur buteur du tournoi avec ce total car il n’a pas joué le huitième de finale contre l’Autriche. Les Allemands ont été défaits et éliminés 5 à 1.
Beaucoup de gens pensaient qu’il était le meilleur attaquant du monde. Puis sa carrière fut interrompue par la guerre.
Fuchs a servi comme officier d’artillerie et fut blessé à quatre reprises. Il a reçu pour cela la Croix de Fer.
Après la guerre, il joua de nouveau brièvement pour l’équipe de Dusseldorf puis celle de Karlsruhe avec laquelle il avait remporté le titre de champion d’Allemagne en 1910. Après cela, il a mis un terme à sa carrière de footballeur et il est parti vivre à Berlin où son frère Richard était artiste et compositeur.
Une humiliation nationale
Pourtant en dépit de ce glorieux passé, Gottfried Fuchs va connaître une courte descente aux enfers. Il était juif et dans les années 1930, ces anciens exploits n’avaient plus d’importance aux yeux du nouveau Reich. C’est ainsi que Fuchs a été contraint à quitter l’Allemagne en 1937 pour s’exiler d’abord en Grande-Bretagne puis au Canada. Il a vécu le reste de sa vie à Montréal sous le nom de Godfrey Fochs.
Il est retourné plusieurs fois en Allemagne après la guerre pour résoudre des problèmes juridiques, mais toujours « avec des sentiments très mitigés ». Sa sœur unique avait été assassinée par les nazis et son ami, également attaquant du club de Karlsruhe Julius Hirsch, gazé à Auschwitz en 1943 en raison de ses origines juives.
En 1972 à l’occasion d’un match entre la RDA et l’URSS, un ancien sélectionneur allemand Sepp Herberger avait émis le souhait de l’inviter au match pour commémorer ses 10 buts de 1912. La Fédération allemande prétendit n’avoir pas les fonds nécessaires pour lui payer le voyage et l’inviter.
Gottfried Fuchs était définitivement devenu l’oublié du football germanique, définitivement rayé des tablettes de l’histoire de la Mannschaft.
Quoiqu’il en soit, l’information ne lui est jamais parvenu, il était mort quelques mois plus tôt d’un infarctus.