La campagne pour la présidence est enfin lancée

Les candidats à la présidence du CIO viennent de publier à la date souhaitée leur manifeste. On peut les trouver en ligne sur le site du CIO (lien direct des documents de chaque candidat avec leur nom). La centaine de votants a maintenant une quarantaine de jours pour en prendre connaissance avant le grand oral, le 30 janvier 2025.

 

Au-delà des arguments de campagne sur le fond, il est tout aussi intéressant de regarder la forme produite par chacun des candidats à la présidence. Si la plupart attachent beaucoup d’importance à ce qu’ils ont à dire et argumentent longuement (entre 20 et 40 pages), d’autres privilégient les photos et des textes courts. La palme revient dans ce domaine à Sebastian Coe qui sait que, dans le monde moderne, le temps de lecture est restreint et les photos sont privilégiées, puisqu’il est dit qu’une image vaut mille mots. Morinari Watanabe fait fort également avec un document de seulement 5 pages.

 

Tous, en tout cas, rivalisent d’imagination pour conquérir le poste suprême de l’organisation mondiale du sport. Certains, comme David Lappartient, Kirsty Coventry ou Feisal Al-Hussain, ont fait l’effort de publier leur document en français et en anglais (les langues officielles), ils ont ajouté une version en espagnol et même en chinois et en russe s’agissant du prince jordanien. Juan Antonio Samaranch publie son document en espagnol (sa langue maternelle) et en anglais. Pour ce qui est des trois autres, qui sont les plus favorables à une réforme culturelle, à savoir Sebastian Coe, Morinari Watanabe et Johan Eliasch, ils ne l’ont publié qu’en anglais, sans même garantir une version française. Coubertin appréciera !

Les rénovateurs

Ces trois derniers candidats sont résolument les plus rebelles et tournent délibérément le dos aux principes fondateurs du mouvement olympique. Sebastian Coe, le plus âgé des candidats (68 ans), attache beaucoup d’importance à la durée du mandat de président (4 ans + 8 ans éventuels au lieu de 8 + 4 aujourd’hui). Il est directement concerné par le sujet. S’il est élu l’an prochain, il serait atteint par la limite d’âge dès sa deuxième année de mandat.

Pourtant, Coe a des arguments à faire valoir pour défendre sa candidature : champion olympique, ancien parlementaire britannique, organisateur des Jeux de Londres 2012, président de la fédération internationale d’athlétisme (World Athletics). Lord Coe pense que le CIO a besoin d’une nouvelle gouvernance « Trop de pouvoir est concentré entre les mains de quelques personnes », écrit-il. On sait par ailleurs qu’il tient à défendre farouchement le sport au féminin et qu’il envisage que les champions puissent être récompensés financièrement de leur réussite.

 

Son compatriote, Johan Eliasch, est un homme d’affaires et son argumentation tourne beaucoup autour des milliards générés par l’organisation « Le CIO doit être dynamique et orienté vers les affaires, en se concentrant sur une gouvernance solide ». Soit. Mais le sport dans tout ça ? « Je lancerai une révision de tous les sports et formats pour maximiser leur attrait auprès du public ».

Le révolutionnaire

Autre candidat transformateur, le Japonais Morinari Watanabe qui entend  lui aussi donner la parole à tous les membres de l’organisation. Mais au delà du projet de gouvernance, Watanabe a un projet décoiffant s’agissant de l’organisation des Jeux :« Organiser les Jeux olympiques dans cinq villes sur cinq continents, pourrait réduire la charge sur les athlètes ». 5 villes organisatrices en même temps qui accueilleraient selon son projet chacune 10 sports différents, soit 50 sports olympiques contre les 31 actuels. Il propose un projet comparable pour les Jeux d’hiver.

Les médiateurs

Juan Antonio Samaranch conteste lui aussi le poids de la commission exécutive qui décide de tout et impose aux membres du CIO de ratifier ses décisions. L’Espagnol souhaite que l’ensemble des membres décident des futures villes olympiques et qu’on revienne aux candidatures multiples avec une ville vainqueur lors du vote de la session. Par ailleurs, Samaranch entend ouvrir les Jeux à tous les sous-continents jusqu’alors délaissés « rester flexible et ouvert à l’ajustement de notre calendrier pour rendre l’accueil des Jeux plus accessible à toutes les régions, compte tenu de notre climat changeant et de notre engagement en faveur de l’universalité ».

 

Dans ce registre, le Prince jordanien Feisal Al-Hussain a fait de ce projet l’un de ses principaux engagements de campagne. Lui aussi entend ouvrir les Jeux à tous les sous-continents. Issu d’une région bouillante, il voit dans le sport le moyen de promouvoir la paix et de rendre sa pratique universelle. Pour lui, l’organisation mondiale du sport doit être « … comme une passerelle – une force unificatrice qui transcende les divisions entre l’Est et l’Ouest, le Nord et le Sud ». Par les temps qui courent l’argument a du poids.

Les réformateurs

Les deux derniers candidats à la présidence de l’organisation ne véhiculent pas d’idées révolutionnaires, mais plutôt la volonté de la faire évoluer en fonction des réalités du 21e siècle. Ainsi, la Zimbabwéenne Kirsty Coventry, la seule femme candidate, se montre pondérée « Avec le succès des Jeux de Paris et un financement stable assuré pour les prochaines années, le moment est idéal pour réévaluer et réorienter notre organisation dans le but de l’améliorer et d’obtenir des réussites accrues ». De la modernité oui, mais sur les bases du mouvement actuel. Candidate préférée (dit-on) de l’actuelle direction, elle n’entend pas renverser la table, mais elle reste très attentive à la situation des athlètes, ceux qui font les Jeux.

 

Enfin, le candidat français David Lappartient est un audacieux. Très engagé dans l’ouverture aux nouvelles technologies et les Jeux du futur, il se montre sage lorsqu’il s’agit d’améliorer la gouvernance du CIO. Il souhaite moins de commissions (une trentaine aujourd’hui), et espère, le retour d’un congrès olympique qui n’a pas eu lieu depuis 2009.

Kirsty Coventry et lui partagent l’objectif de placer les athlètes au centre du mouvement olympique et d’accroître leur représentation au sein du CIO. Ils souhaitent que le sport et les athlètes soient au cœur de leurs réflexions et de leurs actions en poursuivant leurs missions de solidarité et de promotion d’un monde plus pacifique grâce au sport.

 

Pour justifier son retrait en 2025, Thomas Bach disait récemment « Les nouveaux temps exigent de nouveaux dirigeants, à mon âge, je ne suis pas le meilleur capitaine », disait-il. Une chose est sûre, celui et celle qui sera amené à lui succéder ne manque pas de vision et d’idées pour porter le brassard de capitaine. Que le meilleur gagne !

 

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