L’important était dit-on « de participer »

L’équato-guinéen Éric Moussambani (1978) n’avait pas les qualités sportives pour figurer au Panthéon du mouvement olympique. Ce nageur n’avait jamais nagé plus de 50 m d’affilés avant de se rendre aux Jeux de Sydney 2000.

 

Inscrit pourtant aux éliminatoires du 100 m nage libre, il devient en deux minutes une des figures des Jeux. Seul à nager dans sa série après la disqualification des deux autres compétiteurs, Moussambani évolue sans mettre la tête sous l’eau et peine à terminer son parcours.

Il faillit couler à pic à 10 m de l’arrivée, totalement épuisé. Mais promptement encouragé par les spectateurs, l’audacieux a été jusqu’au bout de son parcours en 1’52″72, un temps supérieur de plus d’une minute au record du monde battu le jour même par le Néerlandais Pieter Van Den Hoogenband.

 

Moussambani devient dès lors le symbole d’une compétition, les Jeux olympiques, ouverte à tous et sera plusieurs jours durant à la Une de tous les journaux australiens et mondiaux.

La Guinée-Équatoriale n’a pas vu l’événement sous le même angle

Moussambani quelques minutes avant de plonger semble soucieux.

Pour participer aux Jeux, Moussambani comme sa compatriote Paula Barila Balopa (1979), qui a participé au 50 m nage libre, avaient bénéficié d’une dérogation offerte aux pays en voie de développement.

 

Elle a réalisé son 50 m en 1’03. C’était le double du pire temps réalisé sur la distance auparavant. Reste qu’à sa sortie de l’eau, une foule de micros et caméras étaient là pour immortaliser le parcours de cette jeune caissière de supermarché qui habituellement jouait au football.

 

En dépit de cette notoriété, quatre ans plus tard, Eric Moussambani qui s’était beaucoup entrainé aurait aimé participer aux Jeux d’Athènes 2004 pour montrer le bon nageur qu’il était devenu.

Hélas pour lui, les autorités équato-guinéenne ont «égaré» ses photos pour établir son passeport. Il a été contraint de rester chez lui à Malabo.

 

Il faut dire que si pour beaucoup, Eric Moussambani était un symbole, les autorités guinéennes se sont senties ridiculisées lors de la prestation du nageur. Dans son pays, on ne savait pas si les médias utilisaient cette image pour se moquer ou s’ils voulaient montrer un emblème.

 

Quelques années plus tard toutefois, celui qui a été un temps entraineur national et qui travaille aujourd’hui dans une société pétrolière a avoué qu’il était allé aux Jeux de Sydney que parce qu’il avait écouté la radio et entendu un appel demandant aux jeunes gens de gagner une wild card pour l’équipe nationale de Guinée équatoriale.

Alors qu’il savait à peine nager, il a reçu un billet directement pour les Jeux Olympiques.

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