Budget du sport : on referme la « parenthèse enchantée » ?

Un amendement gouvernemental prévoit une nouvelle baisse des dépenses pour le sport français dans le projet de budget 2025. S’il a été rejeté par le Sénat, il attise la colère du mouvement sportif.

 

En septembre dernier, quand, les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 se sont achevés, la France a réussi le pari de terminer au 5e rang des nations mondiales. C’était clairement l’objectif affiché du président Emmanuel Macron lorsqu’il s’était adressé aux sportifs avant les Jeux.

Entendu, exaucé, en décorant les champions français après les Jeux (photo), le chef de l’État promettait que « les moyens engagés pour le sport français seraient maintenus jusqu’à la fin de ce quinquennat ». Il rappelait au passage qu’avec la perspective des jeux d’hiver 2030 dans les Alpes françaises, ce serait plus que jamais nécessaire.

 

Or, quelques mois plus tard, au moment de l’examen du budget 2025, le budget du sport français se voit réduit de 128 millions d’euros, portant un coup dur à une enveloppe qui peine déjà à atteindre un milliard d’euros (0,2% du budget de l’état).
Le gouvernement balayé, on allait voir ce qu’allait proposer le nouveau gouvernement. Il fait pire. Aux 128 millions déjà rabotés, il ajoute encore 34 millions, soit 162 millions en moins pour le sport en France.

Réactions vives du monde su sport

La première instance à s’en émouvoir aura été le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) et paralympique (CPSF) qui n’y va pas par quatre chemins : « la France manque de clubs, d’équipements sportifs, d’éducateurs et de structures adaptées pour répondre entièrement à cette demande renforcée, souhaitée et portée par toutes parties prenantes des Jeux », écrivent-ils.

Parce que les Jeux olympiques en France ont été une réussite exceptionnelle, les clubs sont saturés de demandes de nouveaux licenciés. Ils ont également besoin d’équipements supplémentaires et surtout d’éducateurs. Or, avec les nouvelles coupes sombres dans le budget des sports, rien de tout cela ne sera possible.

 

Dans une tribune publiée dans les colonnes du journal L’Équipe, 425 athlètes français lancent un appel à Emmanuel Macron et François Bayrou et les enjoignent à renoncer aux coupes drastiques du budget des Sports 2025.

« La France mérite mieux ». Teddy Riner, Alexis Lebrun, Nicolas Batum, Manon Apithy-Brunet, Romane Dicko… pour ne citer que quelques noms, dénoncent « un sabotage du vivre-ensemble!  » Ils rappellent qu’avec les Jeux ils ont démontré que le sport est un levier puissant pour l’éducation et le lien social, mais surtout pour le bien-être physique et psychique.

Le sport est essentiel

S’agissant de la santé publique, les études ont démontré que 150 minutes de sport par semaine permettraient de réduire de 7 à 10% les coûts en matière de santé publique. Ce sont des milliards d’euros qui pourraient être ainsi économisés et servir de nombreuses autres causes, comme le sport, par exemple : un cercle vertueux en quelque sorte.

 

A contrario, la baisse du budget du sport contraint l’état français à supprimer les deux heures supplémentaires de sport au collège, à l’exception des établissements d’éducation prioritaire. L’effet levier qui consistait à préparer et repérer les « champions de demain » est jeté aux orties. Mais est-ce vraiment surprenant ? Ce sont précisément ceux qui prennent ces décisions qui ont considéré que les Jeux olympiques en France n’étaient qu’une « parenthèse enchantée ». Cette fois, ils viennent de la refermer.

2 COMMENTAIRES
  • BLANCHARD 23 janvier 2025

    Une bonne analyse qui pose la question de la sincérité et de la cohérence du soutien au sport en France.
    Nous avons besoin de l’engagement des politiques et de nos gouvernants et il doit s’inscrire dans une réelle compréhension de l’éco-système du sport.

    Ci-dessous un article qui complète l’analyse de Dicolympique: https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7286340428067434496/

  • BLANCHARD 23 janvier 2025

    Olympic hangover: was Paris 2024 just political showboating?

    In the afterglow of the Paris 2024, one might assume France would continue to champion the spirit of sport that galvanized the nation. Yet, the French government’s actions post-games tell a different story, one of political maneuvering and fiscal austerity that raises questions about the true motives behind hosting such a global spectacle.

    A financial feast and famine
    The government of France proudly backed the Paris 2024 Olympics, with an initial budget ballooning from 6.2 billion to 8.8 billion euros. Public funds, to the tune of 2.3 billion euros, were poured into the event, showcasing France’s commitment to excellence on the world stage. (Was it altruistic love for sport or a calculated move to boost the national image, stimulate local economies, and perhaps secure a legacy in the annals of Olympic history?)

    However, the government’s enthusiasm for sport seems to have waned. A proposed budget cut of 34 million euros for the Ministry of Sports in 2025, on top of a previous reduction of over 200 million euros, has sent shockwaves through the French sports community. This financial retraction comes at a time when one would expect a continued investment to leverage the Olympic momentum for grassroots sports development, public health, and social cohesion.

    Figures like Philippe Bana, president of the French Handball Federation, and Marie-Josée Pérec, a revered Olympic champion, have voiced their dismay, accusing the government of treating the Olympics as a fleeting political spectacle rather than a catalyst for enduring change. A critique not without merit: did the government harness the Olympics for its political narrative?

    The French Senate, however, rejected the amendment to slash the sports budget and even added an additional 80 million euros, suggesting a divide within the French political sphere on the role of sports in national life.

    So what kind of legacy Paris 2024 will leave behind?
    Will history recall it as a period when the country turned its back on the very spirit it celebrated?

    The reduction in sports funding could signify that for some in power, the Olympics were little more than a public relations exercise, a means to an end, rather than a stepping stone to a healthier, more inclusive society.

    The message from the government appears clear: the Olympics were an event, not a commitment to a sporting culture. But the resistance from the Senate, the outrage from sports professionals, and the public outcry might just force a reconsideration.

    I will always be faithful to my former IOC Director’s responsibility of being a custodian of Olympic Heritage. For me, Paris 2024 should have been more than just a chapter in France’s political playbook; it should be the beginning of a new era where sport is seen not just for its medals but for its power to unite, inspire, and transform society.

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