La France « devrait être fière » de Coubertin

Le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, a salué l’héritage du baron Pierre de Coubertin, affirmant que la France peut être « fière » du fondateur des Jeux olympiques modernes, malgré ses opinions sur les femmes et le colonialisme, des propos vieux de plus de 100 ans.
La figure du baron Pierre de Coubertin a récemment suscité la polémique dans une France qui semble avoir largement tourné le dos à son compatriote. C’est ainsi que la figure du Baron, reconnu et plébiscité à l’étranger, a largement été reléguée au second plan tout au long de la préparation des Jeux olympiques de Paris 2024, d’une part par les organisateurs des Jeux, mais aussi par l’état français.
Celui qui est largement connu pour être le rénovateur des Jeux olympiques et comme un visionnaire partout dans le monde n’est plus présenté en France que comme un misogyne et un procolonialiste. Une personnalité qui suscite des divisions dans une France très idéologique. Ce n’est pas pour rien que le président de la République, Emmanuel Macron a opposé son véto à son entrée au Panthéon, lui préférant la figure de Missak Manouchian, un résistant arménien, arrêté en novembre 1943 puis jugé et fusillé avec ses camarades.
Coubertin était sans doute misogyne et procolonial, mais au début du 20e siècle, cette pensée était commune aux hommes de son époque. Coubertin est d’abord un visionnaire et un humaniste qui a laissé un héritage qui transcende les générations et les idéologies. Coubertin voulait d’abord utiliser le sport comme moyen de promouvoir la paix à l’échelle mondiale. C’est cela la véritable œuvre de sa vie.
Thomas Bach, grand admirateur
L’actuel président du CIO, Thomas Bach, lui ne s’en cache pas, il admire Coubertin. « Les Jeux olympiques et le modèle sportif qu’ils ont créé ont résisté à l’épreuve du temps », a déclaré Bach lors d’une conférence à l’Université de la Sorbonne à Paris pour marquer le 130e anniversaire du CIO et la renaissance des Jeux olympiques.
Une cérémonie à l’initiative d’Alexandra de Navacelle, l’arrière-petite-nièce du fondateur des Jeux et présidente de l’association familiale.
Pour Thomas Bach, Pierre de Coubertin doit être jugé à l’aune des valeurs qui prévalaient au début du 20e siècle. « Chaque homme a le droit d’être jugé uniquement dans le contexte de son époque. J’aimerais que notre fondateur visionnaire soit jugé de la même manière », a-t-il déclaré. « Pour cette raison, la France peut être fière de Coubertin et de son héritage », a-t-il ajouté devant un public où ni la ministre française des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, ni la maire de Paris, Anne Hidalgo, n’étaient présentes. Autant dire qu’il a été peu entendu.
Bach a pourtant exhorté les observateurs à juger Coubertin comme un « militant pour la paix », un internationaliste qui a défié la vague montante du nationalisme en Europe au début du 20e siècle, il y a 130 ans. Des actes et non plus des propos sortis de leur contexte à l’heure où la France s’apprête à choisir son destin politique.